Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Là, tous les moyens du Samu sont engagés»

h le  août:

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«Allô ? Tu veux un deuxième Smur en renfort? Je te l’envoie. La patiente, elle est stable ou pas? Tu me passes un bilan dès que tu peux?» Il est un peu plus de 12 h 50 et le téléphone du centre 15 voit rouge. Avec les urgences qui tombent depuis la fin de matinée, l’hélicoptèr­e parti depuis plus d’une heure (et qui ne reviendra pas de sitôt), il n’y a plus d’équipe médicale d’urgence en capacité de se déplacer. Le dernier coup de chaud de l’heure est un accident de la circulatio­n à Ollioules, avec deux blessés graves, éjectés de l’habitacle. Des renforts sont nécessaire­s. Deux médecins, deux infirmiers, deux ambulancie­rs ont la mission de stabiliser les blessés avant leur transport. Bien sûr, les pompiers sont sur place.

Rapide… et adaptée

C’est ici que bat le coeur de l’organisati­on des urgences sanitaires du Var, au sein de l’hôpital Sainte-Musse de Toulon. Tout de suite, la mission du centre 15 est de trouver l’hôpital qui prendra en charge les blessés graves d’Ollioules. Le « trauma-center » du Var est tout désigné. « Allô, Sainte-Anne? On a deux traumas sérieux. Vous prenez les deux ? En termes de bloc, ça suivra ? » Le médecin urgentiste Philippe Graveline ne passe pas trente secondes sans décrocher. «En régulation, c’est instantané. Il faut prendre une décision. Rapide… et adaptée.» Périlleux. Avant midi, c’est sur l’hélicoptèr­e qu’il a fallu trancher. L’équipe d’urgence, médecin et infirmier, est arrivée à Ramatuelle pour une jeune femme blessée dans un accident de jet-ski. Diagnostic : l’atteinte de la moelle épinière ne se confirme pas. «Si elle n’est pas en détresse, elle part en terrestre à Gassin, pour un scanner.» Il a fallu choisir : « Tu te désengages de Ramatuelle, il y a un noyé à Cavalaire. » En détresse. Dans la grande pièce consacrée à la régulation des appels d’urgence, chacun connaît sa partition. «D’habitude, on utilise le Dragon [l’hélicoptèr­e des pompiers], mais il est en Corse. La détresse respiratoi­re à Cavalaire, c’est loin de tout.» Le médecin régulateur cherche l’hôpital qui a le plateau technique adapté et de la place pour le rescapé de la noyade. Pas à Hyères, pas en clinique à Ollioules.

«Je ne vais pas blinder Toulon»

Entre-temps, les appels pleuvent. «Allô?» C’est une maison de retraite. «Est-ce qu’il prend des bêtabloqua­nts?» Le patient a 75 ans. Pour le noyé, pas de place à Fréjus non plus. OK. Pendant ce temps, l’hélicoptèr­e a décollé de Ramatuelle, sans patient à bord. Et atterri à Cavalaire auprès du noyé. « On va voir avec Cannes, qui est une grosse structure. La réanimatio­n à Draguignan, ça fait loin. Et je ne vais pas blinder Toulon, sinon après, je n’aurais plus de place. »

Là le bobo, ici l’urgence

Coup de chaud. Les assistants de régulation médicale répondent aux appels à la chaîne. Analysent la situation. Répercuten­t ici, le bobo ou le conseil médical. Là, l’urgence. Parfois grave. Le docteur Graveline prend l’appel. «Allô? Oui, la suspicion d’embolie pulmonaire, on est au courant. On attend la scintigrap­hie.» Un médecin de Brignoles est au bout du fil. Puis, c’est bon : «La “réa” à Cannes, ils prennent le noyé. C’est merveilleu­x, il y a toujours des places et avec le sourire. » On connaît enfin la destinatio­n finale de l’hélicoptèr­e. « Allô ? » Une douleur dans la poitrine. Il y en a comme ça toute la journée. «Cela vous est déjà arrivé, ou c’est la première fois?» Entre-temps, il faut se rendre à l’évidence : «Tous les moyens du Samu sont engagés.» Et même l’hélicoptèr­e aura « de la route » à faire pour aller… et revenir de Cannes. Un coup d’oeil à l’immense carte du Var, sur le mur. «Là, il faut pas qu’il pète un gros truc.» Voeux pieux? En un quart d’heure : un possible accident vasculaire cérébral à Saint-Aygulf, un homme suicidé par pendaison, une énième douleur au thorax. Des moyens se libèrent. Les pompiers se déplacent. On cherche une ambulance. «On

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