Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le XV au féminin décolle !

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Explosion du nombre de licenciées, regard des hommes devenu bienveilla­nt, intérêt des chaînes publiques: l’image du rugby féminin ne cesse de progresser grâce à l’équipe de France qui jouera aujourd’hui à Dublin face à l’Irlande une place en demi-finales du Mondial. L’anecdote de la Rennaise Lenaïg Corson résume bien l’évolution du rugby féminin français depuis la Coupe du monde 2014 organisée à domicile. « Je me suis fait interpelle­r plusieurs fois dans le train ou à la gare de Rennes. Et même par une contrôleus­e! C’était bien, je n’avais pas pris mon billet, j’ai eu un petit passe-droit...» Il faut dire que la joviale deuxième ligne, présente en sélection depuis 2013, se fait plus facilement remarquer du haut de ses 1,85 m pour 86 kg. En 2014, les Bleues avaient échoué de peu à atteindre pour la première fois une finale mondiale, battues de peu par le Canada (1618) à Paris. Mais ce revers frustrant fut aussi un succès médiatique, avec près de 2,2 millions de téléspecta­teurs rassemblés devant France 4 pour 10,2% de part d’audience. Trois ans plus tard, les chaînes de France Télévision­s, qui mettent de plus en plus en avant le sport féminin, retransmet­tent toutes les rencontres des Bleues en Irlande. « On est plus considérée­s », se félicite l’ailière varoise Elodie Guiglion. Surtout, le nombre de licenciées françaises s’est envolé, passant de 12.000 à plus de 19.000 en trois ans. Dans les catégories jeunes, les effectifs ont carrément doublé: +102% chez les moins de 15 ans, +86% chez les moins de 18, selon les chiffres communiqué­s par la FFR. Une évolution numérique considérab­le qui en entraîne une autre, toute aussi importante: celle des mentalités. Samuel Cherouk, l’entraîneur des Françaises, est bien placé pour en parler: sa femme, Nathalie Bertrand, était internatio­nale dans les années 1990. «À l’époque, les gens me disaient: ‘’ta copine joue au rugby? Ce n’est pas possible!’’», se souvient-il. « Aujourd’hui, je vois que les garçons ont eu l’habitude de vivre avec des gamines dans les écoles de rugby, les pôles espoirs, où ils se croisent régulièrem­ent. Leur réaction vis-à-vis des filles est très positive, il y a plein de messages d’encouragem­ent de leur part en direction des filles », explique celui qui était jusqu’en janvier entraîneur au centre de formation de Clermont. « Ils n’ont pas du tout ce regard très machiste qu’il pouvait y avoir il y a quelques années dans les vieux club-houses », ajoute le Clermontoi­s. Et la deuxième ligne Manon André de confier qu’elle tient à se maquiller et à se coiffer avant d’entrer sur la pelouse. Hors de question, du coup, de vouloir copier un rugby masculin jugé de plus en plus dangereux avec ses contacts qui prennent le pas sur le jeu. Les filles ont leur style, beaucoup plus basé sur l’évitement.

Savoir + Ce soir à 20h45 à Dublin, FranceIrla­nde, en direct sur France 2. Les Bleues visent un troisième succès en trois matches pour un ticket en demie.

 ?? (Photo AFP) ?? Romane Menager et les Bleues à l’assaut de l’Irlande ce soir à Dublin (20h45).
(Photo AFP) Romane Menager et les Bleues à l’assaut de l’Irlande ce soir à Dublin (20h45).

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