Le août : « Ce fut notre jour le plus long ! »
Le 20 août 1944, Etienne Basso, 13 ans, était au Jas Blanc, à quelques kilomètres au nord du village. Il raconte : « Vers 15 h, j’ai entendu un moteur ronfler sur le chemin. Et soudain, dans un virage, j’ai vu un tank se mettre en batterie et tirer vers le sud. Son obus est allé frapper le toit de la cave coopérative qu’on distinguait au loin. J’étais sidéré ! » Il ajoute : « Puis, alors que j’observais des soldats s’infiltrer en contrebas dans le vallon de Souviou, vers le Pont de Pouyen, une voix m’a interpellé : “Eh ! Petit, tu es d’ici ?” L’officier, debout dans sa Jeep, m’a fait monter et je l’ai guidé jusqu’aux 4 chemins où nous avons été rejoints par d’autres soldats venant de Siou-Blanc. Puis nous avons dévalé le chemin de la Pierre Mouraou jusqu’à la Nationale où une horde de jeunes est venue nous acclamer. Debout à l’avant de la Jeep, je n’étais pas peu fier ! »
Des “justiciers” improvisés sillonnaient les rues
« Malgré les tirs qui résonnaient encore ça et là, poursuit Etienne Basso, tout le village était dans la rue et, quand l’ancien maire Marius Mari a surgi, debout sur un char, la liesse a redoublé. Il arrivait de Comps où il avait été placé en résidence surveillée. Plus tard, pendant que les Allemands détalaient et que des “justiciers” improvisés sillonnaient les rues, il a pris la parole du balcon de la mairie pour tenter de calmer les esprits. Le même jour, happés par l’exaltation du moment, de nombreux jeunes du village ont rallié les rangs de la 1ère armée. Parmi eux : François Eynaud, Marcel Dragonne, César Mouton, Victor Riboit, Louis et Marius Richelmi, Aurèle Saselli, Marius Zunino, Etienne Polidori, Camille Jarry, Marius Sicard, Candide Soma, Maurice Magnaldi, Joseph Rizzo, Antoine Rossi, les frères Freze, plus quelques jeunes réfugiés.» Et Étienne Basso de conclure : « Pour nous Beaussétans, ce 20 août 1944 fut le jour le plus long ! »