Article du code pénal : Tanguy Viel accuse
Le roman de Tanguy Viel, prix RTL-Lire 2017 est le dernier des six ouvrages retenus pour le prix des lecteurs de la Fête du livre du Var, dans la catégorie adulte. À vous de voter !
LArticle du
code pénal ,quia donné son nom au dernier roman de Tanguy Viel (Ed. de Minuit), on ne vous dira pas duquel il s’agit, car c’est un vrai bonheur de le découvrir à la fin. L’écrivain nous a fait passer par une multitude de sentiments négatifs et positifs, comme son héros. À vous maintenant de participer au Prix des lecteurs du Var.
L’auteur
Tanguy Viel est né en 1973 à Brest. Après un premier roman
Le Black-Note en 1998 publié aux éditions de Minuit, il a depuis notamment écrit L’absolue perfection du crime (2001, prix Fénéon et prix de la Vocation), Insoupçonnable (2006), ParisBrest (2009), La disparition de Jim Sullivan (2013) parus chez ce même éditeur. Pour définir son oeuvre, Tanguy Viel dit se laisser « habiter par des mondes » (Libération). Il vit aujourd’hui près d’Orléans.
Le pitch
Pour se laisser surprendre, comme je l’ai été au début de ce livre, je conseille vivement aux lecteurs de ne pas lire le résumé du quatrième de couverture reproduit ci-dessous et de passer directement à l’extrait du tout début du livre. « Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d’être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l’ont mené là : son divorce, la garde son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec ».
Extrait
◗ « Sur aucune mer du monde, même aussi près d’une côte, un homme n’aime se retrouver dans l’eau tout habillé – la surprise que c’est pour le corps de changer subitement d’élément, quand l’instant d’avant le même homme aussi bien bavardait sur le banc d’un bateau, à préparer ses lignes sur le balcon arrière, et puis l’instant d’après, voilà, un autre monde, les litres d’eau salées, le froid qui engourdit et jusqu’au poids des vêtements qui empêche de nager ».
Notre avis
◗ Je me suis d’abord demandée avec consternation si je n’étais pas en train de lire un polar d’« imitation » à la Simenon, avant de me laisser entraîner par la suite. Le «parlé» de Martial Kermeur, cet homme simple qui cherche les bons mots pour raconter comment sa vie a lentement basculé me poursuit. Le juge l’écoute tel un psy. Article 363 du code pénal n’est pas un polar, malgré son atmosphère à la Chabrol. Entre mélancolie et tendresse, il y est question d’attachement paternel, de déçus du mitterrandisme, de l’arsenal de Brest ou d’ailleurs. On trépigne de révolte – contre le héros lui-même aussi – à la narration de sa lente dégringolade. Un roman noir qui finit par trouver la lumière, social, tout en jouant avec son intrigue. Une sorte de catharsis aussi pour ceux qui ont toujours rêvé de jeter un voleur à la mer – «je me demande si mon livre n’accomplit un fantasme collectif! », confiait Tanguy Viel à ParisMatch. Une expérience de lecture aussi réconciliatrice que dérangeante.