Jeunes filles et vieilles dentelles

LES PROIES

Durée :  h . Genre : western. Notre avis :

L’histoire

De Sofia Coppola (USA). Avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst. En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires de l’internat de jeunes filles de Miss Martha (Nicole Kidman) recueillent un soldat blessé du camp adverse (Colin Farrel). Alors qu’elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l’atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent…

Notre avis

Bien que la réalisatrice s’en défende, Les Proies est un remake féministe du film de Don Siegel, daté de 1971, avec Clint Eastwood dans le rôle du bien nommé caporal McBurney. Un petit chef-d’oeuvre de perversité, dans lequel un officier nordiste, blessé en Virginie pendant la guerre de Sécession, trouve refuge dans un pensionnat de jeunes filles et devient le jouet de ses hôtes, après avoir lui-même entamé un jeu de séduction dangereux pour s’attirer leurs bonnes grâces. On voit assez bien ce qui a attiré Sofia Coppola dans ce projet, impliquant ce qu’elle connaît et filme le mieux depuis Virgin Suicides : des jeunes filles en fleur. On comprend mal, par contre, ce qui l’a poussée à en livrer, en 2017, une lecture aussi édulcorée. Toute la tension sexuelle et la violence qui exsudaient du film de Siegel ont été évacuées au profit d’une imagerie David Hamiltonienne et d’un humour au second degré, dont on n’est pas certain qu’il soit toujours volontaire. Sous son très joli emballage de rubans et de dentelles sudistes (superbe photo du chef opérateur français Philippe Le Sourd), le film sonne creux. Colin Farrell, dans le rôle du chasseurchassé, manque singulièrement de sex-appeal et de noirceur. Kirsten Dunst est encore plus fade. Elle Fanning, pourtant censée être la Proie n°1, minaude comme une gamine pré-pubère. Et le scénario prive Nicole Kidman de sa grande scène, celle de l’amputation/castration, qui reste hors champs. On se croirait dans une production Disney, mais cela n’a pas empêché le jury cannois d’accorder à Sofia Coppola un trés généreux Prix de la mise en scène.