Plus de précipitation
Ainsi, tandis que, contre toutes traditions, notre président se plaint des Français lorsqu’il voyage à l’étranger, son gouvernement a mis au point une méthode permettant d’arrondir les angles d’une courbe qu’il n’est pas capable d’inverser. En continuant à publier les chiffres mensuels du chômage mais en assignant une périodicité trimestrielle aux commentaires. On n’appuiera pas tout de suite là où ça fait mal. On attendra sinon que la douleur disparaisse au moins qu’on s’y habitue. De même la référence systématique à des époques encore plus catastrophiques favorisera les constats d’améliorations. Cette technique de « communication repoussée » mériterait d’être étendue à tous les secteurs en imposant aux médias – par ordonnance – l’obligation d’estomper les mauvaises nouvelles en différant leurs publications. La météo d’abord. Nul doute qu’en patientant jusqu’au retour du soleil on ôte à des pluies diluviennes leur inquiétant vocable de précipitations. S’il s’agit de séismes ou de tsunamis, on se contentera de quelques lignes jusqu’à ce que le nombre des victimes soit définitivement établi. On ne se précipitera pas davantage lorsqu’une célébrité “défuntera”. On se donnera le temps de saluer les succès posthumes marquant le début d’une postérité et, surtout, on évitera d’assombrir l’existence des survivants provisoire en leur rappelant à tout bout
de champs que l’homme est mortel.