L’Elysée dévoile demain ses priorités internationales
Emmanuel Macron présente demain les grands axes de la politique étrangère française, après des débuts sur la scène internationale marqués par des coups d’éclat et des initiatives inattendues. Le Président français s’exprimera à l’Élysée devant les quelque 200 ambassadeurs français réunis à Paris pour la rentrée diplomatique, rendez-vous annuel qui fixe leur feuille de route. En moins de quatre mois, M. Macron, novice en politique étrangère, a été très remarqué à l’international, tour à tour séduisant, autoritaire, voire virulent – comme l’a montré vendredi sa charge contre la Pologne au sujet de la directive sur le travail détaché dans l’Union européenne.
Relations difficiles avec l’Italie
« Macron a bien réussi son entrée sur la scène internationale en terme de style, et en diplomatie, le style, c’est important. Grâce à lui, la France est de nouveau audible», juge l’ancien ambassadeur Michel Duclos, consultant à l’Institut Montaigne. «Cela sera-t-il suivi d’effet? C’est autre chose », ajoute-t-il, en pointant de possibles écueils: «Vouloir à tout prix se démarquer de son prédécesseur, [ou] revenir à de l’eau tiède après quelques éclats. » Sur le fond, le noyau dur du « macronisme» s’articule autour de l’Europe et la volonté de lui redonner impulsion et crédibilité grâce à la relance du couple franco-allemand. « Le redressement de l’influence française à Bruxelles sera largement conditionné par le succès des réformes internes. Tous les Européens, à commencer par l’Allemagne, regardent ce que fait Macron sur le code du travail ou les objectifs de réduction du déficit», analyse Pierre Vimont, du centre de réflexion Carnegie Europe. Toutefois, l’Europe ne se résume pas à la relation franco-allemande, souligne le directeur de l’Institut français des relations internationales Thomas Gomart, rappelant que « la relation est difficile avec l’Italie » sur la question migratoire ou les enjeux industriels et navals.
Sommet à Paris aujourd’hui
Rome, ancienne puissance coloniale en Libye et en première ligne dans la crise des réfugiés, a notamment été froissée par l’organisation en juillet près de Paris d’une rencontre entre les frères ennemis libyens, qui s’est soldée par une déclaration conjointe de principes pour sortir du chaos. Sur plusieurs sujets, M. Macron a annoncé des initiatives fortes… mais parfois intempestives, comme la création de « hotspots » (centres d’enregistrement des migrants) en Libye, sur laquelle l’Élysée a rapidement fait marche arrière. Paris organise d’ailleurs aujourd’hui un sommet avec ses partenaires européens (Allemagne, Italie, Espagne) et africains (Libye, Tchad et Niger) sur la crise migratoire.