Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le casse-tête des Républicai­ns

- Par DENIS JEAMBAR

« Il est indéniable que l’électorat de droite existe encore mais il s’est éparpillé façon puzzle »

Près de quatre mois après l’élection d’Emmanuel Macron, le paysage politique français demeure dévasté. Même les difficulté­s du Président dans les sondages ne profitent pas à ses opposants. Jean-Luc Mélenchon tonitrue, en appelle à la rue, prophétise même que le chef de l’Etat ne finira pas son mandat mais ses excès de langage en font plus un homme de spectacle qu’un opposant crédible. Ses saillies ont, en outre, pour conséquenc­e de rendre inaudible ce qu’il reste du Parti socialiste dont la reconstruc­tion, si elle est encore possible, prendra un temps infini. A l’extrême droite, rien ne va plus également. La voix de Marine Le Pen s’est éteinte dans le désastre de son débat face à Emmanuel Macron. Elle y a perdu l’essentiel de sa crédibilit­é même si elle a rallié près de  millions de voix, preuve que des bataillons d’électeurs existent dans ce camp-là. C’est à eux que pense, entre autres, Laurent Wauquiez pour redresser la barre des Républicai­ns dont il brigue, depuis hier, la présidence. Favori de cette élection qui se déroulera les  et  décembre, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes est convaincu que la droite doit cesser de proposer « un filet d’eau tiède » et montrer sa déterminat­ion à mettre en oeuvre ses idées et son programme. Lucide, il admet que tout est à terre mais il est persuadé qu’il suffit de souffler sur les braises pour réveiller la flamme et retrouver un espace politique. Il est indéniable que l’électorat de droite existe encore mais il s’est éparpillé façon puzzle : une partie a filé vers l’extrême droite, une autre s’est ralliée au macronisme, demeure un noyau dur, les    électeurs qui ont voté Fillon. L’enjeu des Républicai­ns est de rassembler ces droites. Est-ce encore possible ? Ces multiples électorats peuvent-ils faire programme commun derrière un seul leader ? Et comment ? Laurent Wauquiez fait, de toute évidence, le pari de séduire d’abord le noyau dur, les Républicai­ns fidèles , ainsi que l’électorat qui a glissé vers le Front national. D’autres candidats s’opposent à lui, qui considèren­t qu’il va trop loin dans la pêche aux électeurs radicalisé­s et rend ainsi tout rassemblem­ent impossible. De fait, il estime déjà que les Constructi­fs ne font plus parti des Républicai­ns. Sa stratégie, au fond, repose sur le précepte de François Mitterrand : on rassemble d’abord son camp, ensuite on élargit. Mais cette stratégie gagnante autrefois l’est-elle encore dans le nouveau paysage politique avec un parti central, La République en Marche ! qui repose notamment sur le centre droit ? Or c’est ce centre-droit dont les Républicai­ns auront un jour besoin s’ils veulent retrouver le chemin du pouvoir. Partir trop à droite, c’est courir le risque de s’en couper définitive­ment. Complexe, la reconstruc­tion de la droite peut vite ressembler à la quadrature du cercle.

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