Merca... trop
Transferts avec bonus à la revente ou selon le rendement et la participation, prêts avec option d’achat obligatoire, non obligatoire, clauses de cession sous seing privé, transactions de dizaines, voire de centaines de millions d’euros, salaires à six voire sept chiffres, enchères, surenchères, fair-play financier... Agents, intermédiaires, conseillers, recruteurs, dirigeants... Oui, vous êtes bien dans les pages Sports de Nice-matin. Et non pas dans son cahier Économie. Depuis près de trois mois et surtout ces derniers jours, on aurait pu confondre... Mais ça y est, jeudi à minuit, le mercato estival a fermé ses portes. Il était temps. On va enfin pouvoir reparler tactique, technique, petit pont, lucarne, penalty, coup franc, enchaînement... Le mercato fait beaucoup causer, écrire, jaser. Mais même les acteurs s’en plaignent ouvertement puisque les décideurs de clubs militent désormais pour réduire sa durée. En s’achevant presqu’un mois après le début des championnats, le marché fausse les compétitions, met la zizanie dans la tête des joueurs et rend fou les entraîneurs. Cet été fut dingue. Neymar, Mbappé, Dembélé... Tous les records ont été battus. Depuis des années, les sommes évoquées sont indécentes mais là, ça devient n’importe quoi. Alors certes, le supporter rêve, mais cet emballement financier fait et va faire bon nombre de victimes : la très grande majorité des clubs aux budgets «normaux» par exemple qui vont subir la dérégulation du marché et se verront proposer des joueurs «moyens» à des sommes largement supérieures à leur valeur intrinsèque. Plus généralement, on s’inquiète aussi pour le football d’en bas. Aux abords des terrains, derrière le grillage ou la main courante, on parle de plus en plus des millions des stars et de moins en moins d’esprit d’équipe, de solidarité et du rôle éducatif de ce sport. Les sommes affichées font tourner la tête de certains parents. Ceux qui rêvent de gloire et d’argent parce que leur rejeton a réussi un passement de jambes ou une roulette. A ce rythme, le football va finir par se tirer une balle dans le pied. Ou dans la tête.