Le bas de laine détricoté
Après des décennies de recherches, les technocrates de Bercy ont réussi à identifier le responsable de tous nos maux. C’est l’avaricieux qui, ayant oublié que la dépense constitue le principal acte social et que l’argent a cessé de rapporter de l’argent, s’obstine bêtement à économiser des fonds inactifs et paresseux avec l’espoir que la fortune lui viendra en dormant. L’épargne était une vertu cardinale. Elle est devenue un péché citoyen. On connaît les premières sanctions : diminution progressive des intérêts du Livret A et augmentation de à % de l’imposition des revenus de l’assurance vie. Parallèlement, on découvre le «système Macron» : davantage de sacrifices tout de suite et un peu moins de sacrifices avant la fin du quinquennat qui vient tout juste de commencer. Certes, le huitième président de la Ve République a enfin accordé une interview – la première depuis son élection – à la presse écrite. Mais on remarquera qu’aucun ténor des médias n’a encore été admis à poser des questions tête à tête au chef d’orchestre. On notera également la concomitance (pas très habile) d’un message incitant à « renouer avec l’héroïsme politique » et la publication tant attendue du texte de la loi Travail. Sans quitter son cabinet, le docteur Macron nous a délivré son ordonnance. Aucune mutuelle ne nous remboursera le prix de la consultation.