Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le témoignage poignant d’une sinistrée

L’incendie de dimanche a brûlé la maison de Christiane Bianchi qu’elle occupait avec son fils Laurent, à la Coulerette. Un drame qu’elle ne peut que relativise­r

- OLIVIER BOUISSON

J’ai toujours cette odeur de brûlé sur moi qui ne part pas… », soupire Cristiane Bianchi postée devant sa maison détruite par les flammes dans la nuit de samedi à dimanche. Sur ce contrefort de massif nommé la Coulerette, la violence de l’incendie est flagrante. Les quatre ou cinq maisons construite­s ici sont désormais posées sur un tapis cendré. Certaines sont intactes. Pas celle de Christiane et son fils aîné Laurent, ni celle des époux Massiani, détruite un peu plus haut (notre édition du 4 septembre). Dans la nuit du drame, le feu est passé une première fois sur la maison mais ce n’est que sur le retour qu’il a commis son oeuvre de destructio­n.

Tuyau d’arrosage fondu

Il est 22 h 30 quand Christiane qui était à Toulon ce soir-là, reçoit un coup de téléphone qui lui annonce que le feu arrive chez elle. Elle tire son fils de son lit. Portable à l’oreille, il sort de la maison et découvre horrifié les flammes sur la crête, à quelques centaines de mètres seulement. Laurent tente alors de mouiller la façade. Le tuyau d’arrosage lui fond dans les mains… Arrivés sur place, les pompiers hurlent à l’homme de s’enfuir. Il part précipitam­ment à bord de sa petite voiture sans permis. Les arbres en flammes s’écroulent derrière lui. Cinq minutes

plus tard, la maison est en feu. Il a d’abord attaqué l’appentis qui abrite une machine à laver et des centaines de kilos de graines pour les poules, puis embrasé la façade avant de pénétrer à l’intérieur. Devant la maison, Laurent avait entreposé son matériel de maçonnerie et de menuiserie. Compresseu­r, bétonnière, scies, tronçonneu­ses… tout a fondu. Ce n’est que dimanche matin que Christiane découvre l’étendue des

dégâts. « Ça ma mise en colère car c’est fait exprès par quelqu’un qui doit utiliser un chalumeau puisqu’on ne retrouve aucun indice, mais bon, je me dis qu’on aurait pu brûler dans la maison… »

« Les poules vont faire des oeufs déjà cuits ! »

Les animaux ont eu moins de chance. Chippie, un des deux chiens, a eu le dos et les pattes brûlées et doit être piqué. La chatte

Minette, brûlée à la gueule, s’est enfuie dans la nuit rouge. Les poules, elles, vont bien. « Elles ont eu chaud. Elles vont faire des oeufs déjà cuits ! », plaisante Christiane. Sans avoir la force d’en rire. « Oh, moi je n’ai plus de larmes… J’ai perdu un fils, alors vous savez, une maison ce n’est qu’un bien matériel… Il ne peut plus rien m’arriver… », dit-elle presque sans émotion. Pour l’heure, celle-ci elle logée par la mairie dans une résidence hôtelière à l’Argentière mais ne s’y sent pas bien. « Je n’ai pas dormi de la nuit… » Un expert est passé lundi soir et assure que la maison peut être restaurée. Christiane ne veut plus y vivre. Contrairem­ent à son fils qui souhaite attaquer les travaux dès que possible. Venu la soutenir, le maire de La Londe, François de Canson, la serre contre elle. En quelques coups de fil, il lui obtient une petite aide financière et un rendez-vous avec l’expert d’assurés de la ville pour faciliter ses démarches. Il lui promet de lui trouver un autre logement et d’essayer de prolonger l’hospitalis­ation de son compagnon qui doit sortir demain. Quelques pansements sur une plaie douloureus­e.

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(Photos V. Le Parc) Christiane Bianchi a découvert sa maison en grande partie brûlée dimanche matin.
 ??  ?? Jean-Pierre Merour, cousin par alliance de Christiane Bianchi, a lui perdu son cabanon situé à côté, un tracteur et du matériel.
Jean-Pierre Merour, cousin par alliance de Christiane Bianchi, a lui perdu son cabanon situé à côté, un tracteur et du matériel.

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