Var-Matin (La Seyne / Sanary)

JOURNÉE, TOULON - TOULOUSE, DIMANCHE À  H  AU STADE MAYOL) « Plus de temps à perdre ! »

À 31 ans, Guilhem Guirado, qui a bénéficié d’un vrai repos cet été, repart en conquête avec la ferme volonté de décrocher enfin un nouveau trophée. Le temps commence à presser « Pour le Grenelle de la santé! »

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Quatre semaines de vraies vacances en famille suivies de cinq semaines de préparatio­n individuel­le. Guilhem Guirado qui, entre le RCT et l’équipe de France, enchaîne matches, test-matches, tournois et tournées depuis plusieurs saisons, n’a plus connu ce luxe depuis des lustres. Et il a forcément apprécié. Pour autant, en dehors de sa famille bien sûr, l’homme ne vit que pour le travail et ne songeait pas un instant à se plaindre ou à s’économiser : « Je ne suis pas là pour calculer… Ça fait partie du boulot et c’est toujours plaisant de travailler dur et intensémen­t pour essayer de revenir avec un maximum de repères », précise le talonneur catalan. Le voilà donc de retour, frais et vraiment dispo, un peu revanchard aussi car frustré par le bilan de ses dernières saisons et pressé de vivre à nouveau de grands moments. Toujours soucieux de montrer l’exemple pour aller plus haut. Égal à lui-même quoi…

Vous sortez d’une saison compliquée. Quand le travail n’est pas récompensé, la frustratio­n est encore plus grande ?

Forcément, c’est frustrant, mais c’est arrivé à d’autres et à beaucoup d’équipes. On est tous à la recherche de victoires, de trophées et de titres, mais on sait qu’à la fin, il n’y a qu’un vainqueur par compétitio­n. C’est difficile, rageant même, mais l’an passé j’ai quand même aimé la force de caractère dont nous avons fait preuve et notre remobilisa­tion pour aller chercher quelque chose à la fin avec un groupe qui avait vécu une saison assez mouvementé­e.

Vous êtes le seul joueur toulonnais nominé pour la Nuit du rugby au titre de « meilleur internatio­nal français de l’année ». C’est une petite consolatio­n ?

Je n’y prête pas trop attention. Les titres honorifiqu­es personnels dans un sport collectif, c’est un peu dérangeant… Ça fait surtout plaisir à la famille, à mes parents qui me suivent et qui sont sensibles à toutes les épreuves que je traverse. Je pense qu’il faut le prendre comme ça vient mais savoir faire la part des choses.

Vous êtes-vous fixé des objectifs particulie­rs cette année tant en équipe de France qu’à Toulon ?

Je n’aime pas trop me fixer des objectifs trop lointains, mais j’aspire chaque semaine à me remettre en question, pour remettre les compteurs à zéro. J’essaie sans cesse d’être le meilleur pour l’équipe, c’est le plus important et c’est ce qui fait que j’aime autant ce sport et ce métier.

Comment vous sentezvous après cette longue intersaiso­n. Régénéré ?

Oui, vraiment ! J’ai bien pu travailler en profondeur. J’ai vraiment pris le temps de récupérer. C’était nécessaire et j’ai également pu profiter de ma famille. J’ai eu la chance de pouvoir me préparer deux semaines ici avec Gilles Allou dans des conditions de chaleur extrême, pendant que les autres étaient en Argentine. J’espère que cela me permettra de faire une bonne saison et surtout de pouvoir enchaîner.

Du coup, votre intégratio­n a été retardée. Cette situation est un peu compliquée à gérer ?

Ce n’est pas vraiment compliqué, mais j’apprends encore à connaître le groupe et les nouveaux joueurs. Je n’ai pas eu la chance de faire le voyage en Argentine avec eux et c’est vrai qu’on aime aussi se rencontrer en dehors du terrain. Mais je constate que le groupe vit bien, et ça devrait venir assez vite.

Vous avez quand même raté deux lancers en touche à Clermont, ce qui n’est pas courant...

Je ne crois pas avoir d’excuse à ce niveau-là. C’était à peu près les mêmes annonces que l’an dernier. Sur la première, il y a eu une incompréhe­nsion. L’autre, qui a été jugée pas droite, je la trouve sévère. Aujourd’hui, l’important est de bien se sentir dans le système collectif. Cela demande toujours une remise en question et du travail.

Fabien Galthié vous propose un nouveau projet. C’est enthousias­mant ?

Forcément, on est à l’aube d’une nouvelle aventure. Il y a une nouvelle organisati­on et un nouveau travail collectif, c’est très enrichissa­nt et on aime ça. Cela nous permet d’aller plus loin et d’essayer d’être encore meilleurs, le plus précis possible. Les méthodes de Fabien nous permettent d’avoir un maximum de repères sur le terrain et sur l’aspect collectif.

Quel est votre moteur principal ?

C’est le travail. Sans travail, il n’y a pas d’aboutissem­ent possible. Mais ce que j’aime vraiment, c’est la conviviali­té, le partage. Ce qui m’importe est d’être un élément important et le meilleur possible pour le bien de l’équipe…

À  ans, vous êtes désormais pressé ?

C’est évident. Je le sens. Je prends de l’âge et encore plus ces dernières années où l’on a fait de grosses saisons, sans forcément gagner de trophée. Tu te demandes alors si tu auras la chance de rejouer des finales et tu te dis que

Que pensez-vous du « Grenelle de la santé » mis en place par la LNR ?

C’est important ! Vu la vitesse de notre sport et son développem­ent, c’est bien d’essayer de cadrer tout ce que l’on peut et d’avoir un maximum de suivi par rapport à la blessure et ce qui suit. Je suis dans le bain depuis une dizaine d’années, je vois l’ampleur des dégâts. Ce Grenelle de la santé est de bon augure. Aujourd’hui, on ne peut pas nier qu’il y a de plus en plus de commotions et de risques...

c’est peut-être la dernière fois. Il ne me reste plus que quelques saisons et j’ai conscience que je n’ai plus de temps à perdre. Je dois encore plus me remettre en question…

Toulouse, à Mayol ?

Je les ai joués deux fois au Vélodrome et une fois à Nice… Ce sera donc une première à Mayol. On le sait, dans ce championna­t, il faut rester invaincu à domicile. Notre fierté pour ce club et pour ce maillot nous impose de gagner à Mayol. Les années précédente­s, on a perdu à domicile. Rester invaincu sera aussi un objectif cette année. Je suis peut-être un peu vieille école mais, aussi bien à l’Usap qu’au RCT, j’ai toujours attaché beaucoup de valeur à cette invincibil­ité. On ne joue pas que pour nous, surtout à domicile. On va aussi à l’extérieur pour gagner mais c’est différent. Là, des gens viennent de loin pour nous encourager et en plus ils le font bien. C’est important de ne pas les décevoir. On va aussi s’attacher à faire un gros match parce qu’on en a besoin, vu les premiers résultats. On est déjà dans le milieu du classement et on sait que le moindre faux pas peut te faire basculer du mauvais côté.

 ?? (Photo Dominique Leriche) ?? Après avoir renoué avec la compétitio­n à Clermont, Guilhem Guirado fait son grand retour à Mayol dimanche. Régénéré, et prêt à repartir de l’avant avec l’enthousias­me d’un junior...
(Photo Dominique Leriche) Après avoir renoué avec la compétitio­n à Clermont, Guilhem Guirado fait son grand retour à Mayol dimanche. Régénéré, et prêt à repartir de l’avant avec l’enthousias­me d’un junior...

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