Trois femmes à la une
« Martine Aubry voit peut-être le moment venu, dans ce chaos, de reprendre sa place à l’intérieur d’un PS à réinventer. »
Une fois n’est pas coutume, trois femmes ont fait cette semaine l’actualité politique : l’une pour affirmer qu’elle était toujours dans la course, l’autre pour prévenir qu’il faudrait désormais compter avec elle, la troisième pour se rappeler au bon souvenir de la gauche. C’est un petit village de la Haute-Marne, Brachay, que Marine Le Pen a choisi, samedi, pour faire sa rentrée. Personne, y compris parmi ses partisans, militants ou cadres, n’a oublié sa contre-performance au cours du débat présidentiel qui l’avait opposée à Emmanuel Macron, entre les deux tours de scrutin. Le doute donc, s’est installé au sein de Front national, d’autant que le mouvement, longtemps mobilisé autour de sa cheffe, est en train de se fragmenter. Entre la ligne sociale défendue par Florian Philippot, qui fut longtemps son lieutenant préféré, et la ligne identitaire que défend son propre compagnon, Louis Aliot, Marine Le Pen tente, aujourd’hui, de faire la synthèse. Pas sûr qu’elle y arrive, d’autant que l’image de sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, commence, même si elle s’est mise en réserve, à lui faire une ombre insupportable. Valérie Pécresse, elle aussi, a fait sa rentrée. Elle l’a annoncée, elle ne se lancera pas dans la lutte pour la présidence des Républicains. Ce n’est pourtant pas pour se retirer réellement de la compétition, mais en réalité, pour peser de tout son poids dans les futurs débats qui réuniront – et parfois opposeront – les différents chefs de courant et de sous-courant de LR. En lançant son mouvement « Libres », la présidente du conseil régional d’Ile-deFrance souhaite incarner une voie médiane entre la tentation de droite de Laurent Wauquiez, et la tentation « macronienne » des Républicains baptisés « constructifs ». Du coup, chacun, dans l’opposition et dans la majorité, en prend plein son grade : Emmanuel Macron se voit reprocher son « manque d’audace réformatrice » et Laurent Wauquiez, sa volonté de « rétrécir » la droite, en ne tenant pas compte de toutes ses sensibilités, gaulliste, centriste ou libérale. Une façon aussi d’occuper l’espace politique laissé libre par la demi-retraite d’Alain Juppé. Et puis, last but not least, une troisième femme, à gauche celle-là, Martine Aubry a fait entendre, en milieu de semaine, une voix tonitruante. Elle en avait déjà « plein le bol » de Macron, avait-elle dit l’année dernière. Aujourd’hui, c’est sa réforme du travail qu’elle éreinte de belle manière, sans oublier la suppression des emplois aidés, la baisse de l’APL, l’augmentation de la CSG. L’intervention de la maire de Lille n’est évidemment pas due au hasard : le Parti socialiste est en morceaux. Les uns veulent sa refondation, les autres sa reconstruction. Martine Aubry voit peut-être le moment venu, dans ce chaos, de reprendre sa place à l’intérieur d’un PS à réinventer.