Quelle solution?
Faut-il autoriser la décharge du Balançan pendant une décennie encore ? Le préfet du Var doit répondre. Pizzorno se démène et promet que ce sera la der des ders. Les enjeux de ce dossier majeur pour les Varois.
De quel côté la pièce va-telle retomber ? C’est une décision à pile ou face qui est attendue dans le Var, sur l’épineux dossier des déchets. Elle concerne le groupe Pizzorno et la décharge du Balançan, qui élève ses plateaux sur une quarantaine de mètres de hauteur, au Cannet-des-Maures. Pile le Balançan continue. Face la décharge ferme. Une décision qui ne devra rien au hasard. Le plus grand, le plus ancien et le plus gros site de stockage de déchets du Var ne résume pas la problématique à lui seul. Mais il la cristallise. La demande faite par Pizzorno aux services de l’État – demande qui n’est pas encore tranchée – est de permettre de continuer à exploiter le site encore dix ans, jusqu’à fin 2017, sur un nouvel et ultime emplacement. Le casier n°5. Les déchets Chez lui, c’est depuis longtemps une conviction. Le maire du Cannet-des-Maures est persuadé que les élus varois ne bougeront « non pas, au pied du mur, mais dos au mur ». Son combat contre la décharge du Balaçan va connaître une étape décisive, espère-t-il. « Oui, le préfet du Var peut refuser de déclarer un Projet d’intérêt général. C’est tout à fait possible. C’est dans son pouvoir, encourage Jean-Luc Longour. L’État n’est pas responsable de l’incurie des élus. L’État est déjà venu en pompier et je pense qu’il n’a pas envie d’y retourner encore, dix ans plus de 120 communes varoises sont stockés au Balançan.
Neuf ans pour se donner du temps…
Le 29 juin 2017, dans nos colonnes, le préfet du Var s’est dit « réticent » à accorder la reconnaissance de Projet d’intérêt général (Pig) pour l’extension du Balaçan demandée par Pizzorno. Mais en précisant bien qu’il n’avait pas encore pris de décision définitive. « L’ouverture d’un nouveau casier entre en contradiction avec les documents d’urbanisme en vigueur sur la commune », constatait Jean-Luc Videlaine. Le seul moyen de contrer les effets de ces règles d’urbanisme étant de « recourir à un Projet d’intérêt général ». Le hic, c’est que les services de l’État savent pertinemment que le Pig précédent, celui de 2008, a déjà fait l’objet de longues procédures tard. » Combatif, il poursuit : « Les élus ne peuvent pas dire qu’ils ont été pris en traître. Si un Pig était pris, la commune juridiques. « Quand on est revenu sur le Pig en 2008, c’était pour se donner le temps de chercher des solutions », faisait observer le préfet, toujours en juin dernier. « Pour l’extension de 2008, le discours était “c’est la der des ders”. La population a bien entendu ce propos. » C’était il y a neuf ans. La nouvelle demande, déposée par Pizzorno avant l’été, est toujours en suspens. Quant aux solutions recherchées depuis 2008, force est de constater qu’aucune n’est en capacité de prendre le relais. L’histoire se répéterait-elle ? Comme par le passé, les poubelles du Var seraient-elles suspendues au Balaçan ?
Déchets (encore) en quantité
Sur les 600 000 tonnes de déchets annuellement jetés dans le Var – deux tiers par les ménages, ferait aussitôt un recours en justice. »
Le syndrome du « faute de mieux »
Le Balançan semble frappé du syndrome du « faute de mieux ». Dans une enquête publique de 2013 sur son exploitation, les commissaires enquêteurs ont développé ce type d’analyse : «C’est encore “faute de mieux” que le choix semble fait, non pour accélérer le processus de changement, mais pour prendre le temps de… » Ou bien: « Depuis 2004, les autorisations ont été délivrées, “faute de mieux”.» un tiers par les entreprises –, la décharge du Balançan peut « enfouir » 255 000 tonnes par an. C’est le maximum permis par l’autorisation préfectorale en vigueur. « Mais beaucoup moins ces dernières années », insiste le groupe Pizzorno par la voix du directeur de sa branche valorisation et traitement, Hervé Antonsanti. « Nous avons stocké 205 000 tonnes en 2016 et on sera même en dessous cette année, autour des 180 000 tonnes », estime-t-il. Pizzorno ne pourra pas en stocker davantage, vu que le site sera à saturation avant 2020 et donc contraint d’arrêter l’exploitation du casier n°4 à l’été 2018, avec deux ans d’avance sur l’autorisation préfectorale. Hervé Antonsanti souligne que « le constat est qu’on a moins de déchets à stocker que prévu, car la politique de prévention (produire moins de déchets) et de valorisation Quant aux avis recueillis qui demandaient la fermeture du site, ils écrivaient ceci : « La question reste posée : ne faut-il pas fermer dès maintenant le Balançan pour obliger toutes les parties prenantes publiques et privées à activer les mesures à prendre ? » Quant à une éventuelle inertie dans le Var, sur l’élimination des déchets : « Des institutionnels d’autres régions, d’autres départements n’ont pas hésité à s’engager dans des expériences de solutions alternatives ». Et de poursuivre : « Il semble que ce ne fut pas le cas dans le Var.» N’en jetez plus. (collecte sélective) fait son effet ».
, c’est demain
C’est une position factuellement exacte (moins de déchets sont enfouis), mais une position osée, à l’heure où le préfet explique posément que le département est au pied du mur. Et que faute de solutions renouvelées, le Var pourrait être contraint d’exporter une part de ses poubelles chez ses voisins. Avec un coût financier, écologique et « citoyen » considérable. Le couperet va bientôt tomber. L’été 2018, c’est demain. Une réunion devait être organisée à la rentrée par le préfet. Pour ainsi dire, la décision sera à effet immédiat.