Les salariés de Primo veulent sauver leur société
À les 39 employés de l’entreprise attendent la décision du tribunal de commerce de Toulon aujourd’hui et manifestent, dès demain, à La Garde. « Emplois en danger », disent-ils
Cuers,
O n perd notre emploi. On perd notre entreprise. Maintenant, on n’a plus rien à perdre ! ». Les 39 salariés de la société Primo, à Cuers, attendent la décision du tribunal de commerce de Toulon qui devrait se prononcer aujourd’hui sur l’avenir de l’entreprise, en redressement judiciaire depuis mai dernier. Basée dans la zone d’activités des Bousquets, à Cuers, Primo est une société spécialisée
dans le commerce de gros, la découpe de charcuterie et de fromages qui a connu ses heures de gloire dans la région.
En poste jusqu’au dernier moment
Hier matin, les salariés étaient toujours à leurs postes mais craignaient que ce soit leur dernière journée de travail. Tous annoncent qu’ils manifesteront demain, à 11 h 30, devant le magasin
Lescure à La Garde pour sensibiliser les autorités à leur situation d’urgence. « Notre dirigeant actuel a également des responsabilités chez Lescure Viandes. Il nous doit des comptes ! », explique Cindy Van-Catenstein, déléguée du personnel CGT. «Primo était une entreprise familiale qui existait depuis 22 ans et vendait avec succès ses produits aux campings, restaurants et supermarchés de la région. Il y a trois ans,
Eric Lévy, l’ancien dirigeant, s’est allié avec un fonds d’investissement. C’est vrai, on avait des difficultés mais Primo dégageait du chiffre d’affaires. Puis, un nouveau P.-d.g., Paul Binisti, a pris les rênes de l’entreprise et tout a basculé : neuf directeurs différents en trois ans, quatre comptables et des commerciaux qui changent tout le temps… Surtout, des nouveaux clients sont apparus. On a honoré ce marché mais perdu nos clients anciens de proximité. C’est pourtant eux qui faisaient la force de la société. Primo a donc été vidée de sa substance ».
« emplois condamnés »
Pour les salariés présents, le redressement judiciaire entamé au printemps n’a pas changé la donne : « Aucun plan d’action véritable pour relever la situation et sauver la société n’a été entrepris », enchaîne Fabienne Raingeval, responsable qualité qui, comme les autres, tient «jusqu’au dernier moment» à occuper son emploi. «Ona même imaginé un projet en SCOP (société coopérative et participative) qui n’a pas abouti. Aujourd’hui, nos 39 emplois sont condamnés à cause d’une mauvaise gestion.
Et on attend le couperet du tribunal : le probable placement de l’entreprise en liquidation judiciaire ». Charlottes sur la tête et vestes chaudes sur les épaules, les salariés travaillaient toujours, hier, sur la chaîne de production. Préparateurs de commandes, employés à la découpe, responsables d’expéditions, télévendeurs: tous confiaient pourtant leur sentiment de vivre leurs « derniers pas dans cette entreprise familiale lâchée par tous ».
Appel au président du RCT
« On a tout donné pour cette boîte et voilà comment on est remerciés… Tout ça à cause d’une gestion calamiteuse », ajoutent Laurence Julien et Nathalie Bergeron, représentantes CGT. À l’appel du syndicat, les 39
salariés ont promis de se retrouver devant le magasin Lescure de La Garde, demain matin. « On en appelle à tous pour nous soutenir. Le Toulonnais Christophe Dominici, qui a joué en équipe de France de rugby, a été ému de notre situation et voulait nous aider. Si Mourad Boudjellal, président du RCT, veut nous tendre la main, nous la saisissons volontiers ! », reprend Cindy VanCatenstein. Au-delà de ce conflit d’entreprise, c’est la défense des produits régionaux que le personnel veut porter : «des marchandises produites ici et vendues pour les Varois », confie Antonia qui affiche 15 ans d’ancienneté. Ce matin, tous guetteront la décision de la justice pour connaître leur sort. La boule au ventre.