Var-Matin (La Seyne / Sanary)

BOL D’OR AU CIRCUIT PAUL-RICARD (À PARTIR DE DEMAIN ET JUSQU’À DIMANCHE) « J’ai besoin d’un résultat »

Après quatre saisons de vaches maigres ponctuées de deux abandons au Castellet, en 2015 et 2016, Sébastien Gimbert entend redorer le blason Honda, ce week-end dans son jardin varois

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Pour localiser sa troisième et dernière empreinte majuscule sur les tablettes du Bol d’Or, il faut effectuer une longue marche arrière. Dix ans pile ! En , la doyenne des épreuves d’endurance traçait sa route loin du Castellet, à Magny-Cours. Et Sébastien Gimbert, lui, portait le pavillon bleu de Yamaha. Ce week-end, c’est dans le coin rouge Honda Endurance Racing que le Fréjusien redémarre avec l’espoir chevillé au corps de briller enfin à domicile, histoire d’oublier les deux couacs mécaniques ô combien frustrants des éditions précédente­s. Alors qu’il vient de souffler sa quarantièm­e bougie, le régional de l’étape partage le guidon d’une CBR millésime  en début de développem­ent avec deux nouveaux coéquipier­s, dont un certain Grégory Leblanc, quadruple lauréat du Bol. Un virage très important, voire déterminan­t pour la suite de sa trajectoir­e, affirme-t-il...

Sébastien, on vous imagine soulagé de tourner la page après ce chapitre - qui n’a pas vraiment répondu à vos attentes. Vrai ou faux ?

Vrai ! On ne va pas se mentir : la saison dernière s’est très mal passée. Clairement, nous n’avons jamais été dans le coup, que ce soit en qualif’ ou en course. Le podium obtenu en Slovaquie ndlr) constitue l’arbre qui cache la forêt. Un résultat que j’estime mérité pour les pilotes. Vous savez, avec Freddy (Foray) et Julien (Da Costa), nous nous sommes battus comme des dingues pour le décrocher.

Pensez-vous que le team Honda Endurance Racing a commis un excès de précipitat­ion en lançant la nouvelle CBR trop vite en course?

(Il soupire) L’ancienne était trop vieille. Maintenant, on dit que celle-là est trop neuve… En fait, cette machine, nous l’avons reçue très tard. Et surtout, nous n’avons pas eu les pièces de kit espérées pour la développer plus rapidement. Chez Honda, au Japon, ils ont joué la carte de la sécurité, afin de ne pas répéter certaines erreurs. Voilà pourquoi il a fallu s’armer de patience. Malgré tout, le travail accompli au printemps et cet été va nous servir pour la suite. Aujourd’hui, on connaît mieux la moto, on la cerne mieux. Et puis l’équipe a beaucoup progressé dans son mode de fonctionne­ment. Certaines têtes ont changé, dans le staff et côté pilotes… Oui, Jonny Twelvetree­s a pris du galon. Il tient à présent les commandes d’un team qui s’est pas mal restructur­é. De l’extérieur, la principale modificati­on visible, bien sûr, c’est l’équipage qui accueille deux nouveaux membres. Freddy et Julien, avec qui je partageais le guidon depuis , sont allés relever un autre défi. En ce qui me concerne, on m’a demandé de rester afin de poursuivre le boulot avec Yonny Hernandez et Grégory Leblanc.

Comment s’est passée leur intégratio­n ?

Très bien. J’espère que l’on va former un trio aussi soudé que le précédent. Après une longue trajectoir­e en Grand Prix (Moto et MotoGP), Yonny découvre l’endurance avec une forte envie de s’illustrer tout de suite. Il a pris de bonnes marques lors des essais pré-Bol. L’équipe compte sur sa pointe de vitesse. Quant à Grégory, c’est une chouette surprise de le retrouver. Nos chemins s’étaient déjà croisés il y a une dizaine d’années en  Supersport. Depuis, il a décroché de nombreuses victoires aux  Heures du Mans () et au Bol d’Or () avec l’équipe Kawasaki SRC. Nul doute que Greg souhaite démontrer qu’il peut faire gagner d’autres couleurs, une autre moto.

Côté machine, justement, dans quel domaine la nouvelle CBR doit-elle progresser en priorité ?

(Du tac au tac) Le moteur ! Nous avons accompli toute la saison dernière avec un bloc standard. Maintenant, il faut franchir un cap. Une mission qui revient au nouveau chef mécanicien arrivé en provenance du MotoGP. Celui-ci s’est attelé à la tâche en concentran­t d’abord ses efforts sur la gestion électroniq­ue, la cartograph­ie, le «traction control ». Nous allons dans le bon sens mais il faut faire plus ! Pour viser très haut, vu le niveau de la concurrenc­e, on a besoin de gagner en performanc­e pure sur la piste. Besoin d’une moto rapide, mais aussi efficace, c’est-à-dire facile à piloter quelles que soient les conditions…

Recevez-vous le même soutien de la part du HRC (Honda Racing Corporatio­n) que l’équipe japonaise F.C.C. TSR ?

Pas vraiment. La maison mère considère F.C.C. un peu comme son team de développem­ent. On l’a vu aux  Heures de Suzuka où ils engageaien­t une machine « usine » qui s’est battue aux avant-postes

La comparaiso­n est difficile. (Il réfléchit) Aujourd’hui, clairement, nous ne sommes pas une équipe officielle. On n’a pas une moto « factory » fabriquée de toutes pièces au Japon. Mais nous travaillon­s d’arrache-pied pour tirer la quintessen­ce de notre matériel avec les moyens dont on dispose.

Votre plan de bataille, ce week-end?

On va essayer de suivre les plus rapides en début de course. Tenir le rythme et la distance, voilà les maîtres mots. Après les deux abandons enregistré­s au Castellet en  et , j’espère que la fiabilité sera enfin au rendez-vous !

Quelle cible visez-vous à l’aube du championna­t FIM EWC - ?

Perso, il n’y a qu’un seul et unique objectif dans l’immédiat : le Bol d’Or. Tout simplement parce que mon contrat ne comprend que cette course à l’heure actuelle. Telle était ma volonté lorsque nous avons discuté de la prolongati­on. Avant de regarder plus loin, je veux voir ce que nous sommes capables de réaliser ici. Savoir aussi quelles évolutions sont envisageab­les à court et ✔ Demain : moyen termes. Et puis j’ai besoin de mesurer mon niveau par rapport à mes nouveaux coéquipier­s. Pas pour Honda. Pour moi. C’est très important.

Il pourrait donc s’agir de votre dernier départ ?

Il faut faire plus, surtout gagner en performanc­e ” Tenir le rythme et la distance ”

Non. Quoiqu’il arrive, on trouvera une solution, une issue. J’avais promis que j’arrêterai de courir à quarante ans… Bon, c’était une blague ! (Sourire) Le casque, je le raccrocher­ai le jour où je me ferai tordre. Là, je veux continuer, mais pas en roulant derrière ou en accumulant les frustratio­ns. J’ai besoin d’un résultat.

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(Photo Eric Damagnez)

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