Levothyrox : la justice saisie par des patients
A Cannes, l’association ORGECO appelle tous les patients souffrant d’« effets indésirables » à se mobiliser. A Mougins, une avocate a déposé plainte contre le laboratoire Merck.
Une cinquantaine de nouvelles plaintes annoncées, dont celle d’Anny Duperey, vont être déposées auprès du pôle santé publique pour quatre motifs: « non assistance à personne en danger, mise en danger de la vie d’autrui, atteinte à l’intégrité de la personne et tromperie sur les qualités substantielles du médicament aggravée par une atteinte à la santé », a détaillé, hier, Me BertellaGeffroy, ex-juge du pôle santé publique de Paris et conseil de l’association française des malades de la thyroïde (AFMT). Elles viendront s’ajouter aux douze premières plaintes déjà lancées vendredi à Paris par l’avocat DavidOlivier Kaminski, qui compte en déposer encore une dizaine ces jours-ci
« On veut retrouver l’ancienne formule »
« Voilà plusieurs mois que je perds mes cheveux… Et puis aussi l’équilibre. Je suis devenue irritable au possible, et parfois, je n’arrive même plus à parler ! ». Tant bien que mal, Milly Louvera, 84 ans, nous narre les souffrances engendrées selon elle par un médicament qui est pourtant censé soulager ses maux, et réguler sa glande thyroïde. Comme 9000 autres patients déjà recensés par le Ministère de la Santé (sur trois millions de traités en France), cette résidente de Théoule est complètement désorientée, parce que le remède s’avère presque pire que le mal. En cause ? Le Levothyrox. Le médicament commercialisé par le laboratoire Merck n’a pas changé son nom. Mais depuis le mois d’avril, le léger changement de couleur sur sa boîte de comprimés trahit une modification chimique de sa formule (voir les explications du laboratoire Merck en encadré). Or celle-ci serait responsable de très nombreux « effets indésirables » (selon la formule consacrée).
Appel aux patients pour faire pression
Au point qu’une association de consommateurs cannoise a entrepris de les mobiliser les malades pour faire force et exiger, à l’image de l’actrice Anny Duperey, un retour rapide à l’ancienne formule. Ainsi qu’un contrôle plus strict du nouveau Levothyrox. Et pour cause. Présidente de l’ORGECO, Micheline Rollin-Gérard est elle-même astreinte à ce traitement. « Ça fait plus de vingt ans que je le prends, sans aucun souci. Mais aujourd’hui, j’ai des maux de tête, des vertiges, des nausées, des problèmes intestinaux, et je n’arrive plus à dormir ». Affirmant recevoir plusieurs dizaines de coups de fils par jour sur ce dossier, Micheline entend « monter un dossier collectif pour réclamer le retour à l’ancienne formule. Ou alors, il faut que le dosage des patients soit revu par leur médecin, et très surveillé. Mais il faut surtout avertir les gens que leurs nouveaux problèmes de santé proviennent de leur médicament ! ». À Mougins, une avocate s’associe à cette démarche collective, et a même déjà déposé plainte contre le laboratoire précité (voir ci-dessous). Alors que le Levothyrox « nouvelle formule » est conçu pour mieux soigner les gens souffrant d’une hyper ou hypothyroïdie, force est de constater qu’ il a paradoxalement réussi à troubler leur humeur ! ORGECO, Organisation générale des consommateurs, 54 avenue Francis-Tonner à Cannes la Bocca : 04.93.90.37.73