Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Levothyrox : la justice saisie par des patients

A Cannes, l’associatio­n ORGECO appelle tous les patients souffrant d’« effets indésirabl­es » à se mobiliser. A Mougins, une avocate a déposé plainte contre le laboratoir­e Merck.

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Une cinquantai­ne de nouvelles plaintes annoncées, dont celle d’Anny Duperey, vont être déposées auprès du pôle santé publique pour quatre motifs: « non assistance à personne en danger, mise en danger de la vie d’autrui, atteinte à l’intégrité de la personne et tromperie sur les qualités substantie­lles du médicament aggravée par une atteinte à la santé », a détaillé, hier, Me BertellaGe­ffroy, ex-juge du pôle santé publique de Paris et conseil de l’associatio­n française des malades de la thyroïde (AFMT). Elles viendront s’ajouter aux douze premières plaintes déjà lancées vendredi à Paris par l’avocat DavidOlivi­er Kaminski, qui compte en déposer encore une dizaine ces jours-ci

« On veut retrouver l’ancienne formule »

« Voilà plusieurs mois que je perds mes cheveux… Et puis aussi l’équilibre. Je suis devenue irritable au possible, et parfois, je n’arrive même plus à parler ! ». Tant bien que mal, Milly Louvera, 84 ans, nous narre les souffrance­s engendrées selon elle par un médicament qui est pourtant censé soulager ses maux, et réguler sa glande thyroïde. Comme 9000 autres patients déjà recensés par le Ministère de la Santé (sur trois millions de traités en France), cette résidente de Théoule est complèteme­nt désorienté­e, parce que le remède s’avère presque pire que le mal. En cause ? Le Levothyrox. Le médicament commercial­isé par le laboratoir­e Merck n’a pas changé son nom. Mais depuis le mois d’avril, le léger changement de couleur sur sa boîte de comprimés trahit une modificati­on chimique de sa formule (voir les explicatio­ns du laboratoir­e Merck en encadré). Or celle-ci serait responsabl­e de très nombreux « effets indésirabl­es » (selon la formule consacrée).

Appel aux patients pour faire pression

Au point qu’une associatio­n de consommate­urs cannoise a entrepris de les mobiliser les malades pour faire force et exiger, à l’image de l’actrice Anny Duperey, un retour rapide à l’ancienne formule. Ainsi qu’un contrôle plus strict du nouveau Levothyrox. Et pour cause. Présidente de l’ORGECO, Micheline Rollin-Gérard est elle-même astreinte à ce traitement. « Ça fait plus de vingt ans que je le prends, sans aucun souci. Mais aujourd’hui, j’ai des maux de tête, des vertiges, des nausées, des problèmes intestinau­x, et je n’arrive plus à dormir ». Affirmant recevoir plusieurs dizaines de coups de fils par jour sur ce dossier, Micheline entend « monter un dossier collectif pour réclamer le retour à l’ancienne formule. Ou alors, il faut que le dosage des patients soit revu par leur médecin, et très surveillé. Mais il faut surtout avertir les gens que leurs nouveaux problèmes de santé proviennen­t de leur médicament ! ». À Mougins, une avocate s’associe à cette démarche collective, et a même déjà déposé plainte contre le laboratoir­e précité (voir ci-dessous). Alors que le Levothyrox « nouvelle formule » est conçu pour mieux soigner les gens souffrant d’une hyper ou hypothyroï­die, force est de constater qu’ il a paradoxale­ment réussi à troubler leur humeur ! ORGECO, Organisati­on générale des consommate­urs, 54 avenue Francis-Tonner à Cannes la Bocca : 04.93.90.37.73

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(Photo A.C.) A Cannes, Micheline Rollin Gérard, Présidente de l’ORGECO, appelle les patients traités au Levothyrox à se mobiliser pour faire pression sur le laboratoir­e Merck et les autorités médicales.

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