Les faux policiers en voulaient aux économies d’un couple de Pignans
Une fausse perquisition au chant du coq, par quatre policiers en civil, débarquant d’une BMW à la recherche de faux billets, voilà la mésaventure subie à domicile par un couple de Pignans le 29 août 2014. Ni violence, ni offense de la part du “commandant Morel” et de ses hommes du “SRPJ de Toulon”. La perquisition a été rondement menée, et le coffre de l’entrepreneur en bâtiment ne contenait pas la moindre somme en espèces. Le professionnel a simplement été invité à passer dans les locaux de la PJ le lendemain, pour être entendu. Il a été rappelé un peu plus tard au téléphone par le “commandant Morel”, qui lui a indiqué que finalement il n’était pas nécessaire qu’il se déplace à Toulon.
Trio de délinquants
Intrigué quand même, l’entrepreneur s’est présenté le lendemain à la gendarmerie de Gonfaron, persuadé d’avoir été victime d’une tentative de vol assez astucieuse. Il ne s’était pas trompé. Renseignement pris, il n’y avait pas plus de “commandant Morel” à la PJ de Toulon que de BMW comme véhicule de service. Les faux policiers étant à visage découvert, le couple a pu en donner un signalement précis. Il a pu aussi reconnaître trois de ces malfaiteurs quand l’enquête les a identifiés. Elle est ainsi remontée jusqu’à Stéphane, un restaurateur de 43 ans de Carqueiranne, ainsi qu’à Mickael, un portier de discothèque de 26 ans qui demeurait à Cuers.
Feu le commandant Morel
Elle est surtout remontée jusqu’à Sabir Titou, dit “Titax”, alors âgé de 36 ans, qui vivait aussi à Cuers, et était par ailleurs mis en cause dans un enlèvement à Paris et un meurtre en bande organisée à Marseille. Titax, alias le “commandant Morel”, n’a plus de comptes à rendre à la justice. Il a été victime d’un règlement de compte en janvier 2015 à Paris. Il ne restait hier que Stéphane et Mickael devant le tribunal correctionnel de Draguignan, où ils ont reconnu leur participation à cette tentative de vol. Le premier, qui avait un passé de délinquant mais avait depuis une vie rangée, a expliqué que quand Titax l’avait sollicité, il n’avait pu refuser. Ils s’étaient connus en détention et, à sa libération, Titax lui avait procuré un logement, une voiture et un peu d’argent pour repartir dans la vie. « Une sorte d’obligation de loyauté qui naît en prison», a plaidé Me Vincent Ordioni. Quant à Mickael, plus jeune, il a indiqué qu’à l’époque Titax était un peu son modèle. Il l’avait suivi dans cette affaire, mais également dans les deux affaires criminelles de Marseille et Paris, pour lesquelles il est mis en examen.«Il était sous influence et a pris un chemin qui n’est plus le sien » ,a plaidé Me Pierre Crépin, en soulignant ses efforts en détention provisoire pour préparer une réinsertion. Les deux ex-faux policiers ont été condamnés à un an de prison, avec possibilité de bénéficier d’un aménagement de peine.