Du glyphosate trouvé dans des céréales et des pâtes
Des résidus de glyphosate, substance classée « cancérogène probable » par une agence de l’ONU, ont été retrouvés dans des céréales pour petitdéjeuner, des légumineuses et des pâtes, a indiqué, hier, l’ONG Générations Futures qui a fait analyser trente échantillons. Aucun dépassement de la limite maximale en résidus (LMR), un seuil réglementaire de concentration de résidus de produits pesticides, n’a cependant été constaté. Ces limites existent pour les produits bruts mais pas pour les produits transformés analysés.
Un pesticide de Monsanto
« Des résidus ont été trouvés dans plus de la moitié des échantillons », a indiqué François Veillerette, porteparole et directeur de Générations Futures au cours d’une conférence de presse. « Seize échantillons sur trente contenaient du glyphosate, soit 53,3 % », selon le rapport de l’association. Ce document n’examine pas le risque sanitaire posé par l’exposition au glyphosate, une substance active qui entre notamment dans la composition du Roundup, le produit phare de Monsanto. « Evidemment, il n’y a pas de risque d’intoxication aiguë mais on sait qu’être exposé à un produit cancérogène à côté d’autres, dans d’autres secteurs de l’environnement, pendant des années et des années, ce n’est pas du tout une bonne nouvelle pour la santé humaine », a déclaré M. Veillerette.
Biscotes, céréales, lentilles, pains secs
Les analyses ont porté sur 18 échantillons à base de céréales : 8 céréales pour petitdéjeuner, 7 pâtes alimentaires, 3 autres (petits pains secs, biscottes). Douze échantillons de légumineuses sèches ont aussi été analysés : 7 de lentilles, 2 de pois chiches, 2 de haricots secs, 1 de pois cassés. Ces produits ont tous été achetés en supermarché. Selon les analyses, « 7 céréales de petit-déjeuner sur 8 » contenaient du glyphosate. « 7 légumineuses sur 12 analysées » en contenaient aussi. La proportion est nettement plus faible pour les pâtes: « 2 pâtes alimentaires sur 7 en contiennent ». En revanche, « aucun des 3 autres produits à base de céréales (petits pains secs, biscottes) » ne contenait de glyphosate. Trois échantillons (deux sortes de lentilles et des pois chiches) contenaient aussi de l’AMPA, un produit de dégradation du glyphosate. Les concentrations de glyphosate retrouvées sont très variables : 23 g/kg pour une préparation de blé complet et de fruits, 40 pour une céréale du petit-déjeuner, jusqu’à 2 100 ? g/kg pour un échantillon de lentilles sèches. La limite pour les lentilles sèches (10 000 g/kg) est « extrêmement élevée » et globalement, les LMR ne sont « pas protectrices », a estimé M. Veillerette. Ces résultats « plaident en faveur de la non “réhomologation” (du glyphosate) au niveau européen », a-t-il ajouté. En juillet, la Commission européenne a proposé le renouvellement pour dix ans de la licence du glyphosate qui expire fin 2017. Le vote sur l’autorisation de cet herbicide, le plus répandu en Europe, pourrait avoir lieu le 5 ou 6 octobre au sein d’un comité d’experts. La France a annoncé qu’elle voterait contre la proposition de la Commission. Elle a une position-clé car une majorité qualifiée (55 % des États membres représentant 65 % de la population de l’Union) est requise. A trois semaines du vote, beaucoup de pays « ne se sont pas prononcés, même l’Allemagne », a déploré M. Veillerette.