JOURNÉE, MONTPELLIER - TOULON, DIMANCHE À H ) Josua Tuisova taille papa
Aussi introvertie à la ville qu’explosive sur le terrain, l’arme fatale du RCT n’a pas fini de nous faire rêver. Plus mûr, plus fort et plus épanoui, le Tuisova nouveau est arrivé
Quatre ans déjà que le phénomène Josua Tuisova déferle sur le Top 14. Et on ne s’en lasse pas. Son style, tout en puissance et en percussions, est inimitable. Son efficacité redoutable. Et l’on n’a encore presque rien vu. Car « l’animal », débarqué en 2013 à Toulon de ses îles Fidji, n’a que 23 ans et commence seulement à se sentir épanoui... Presque 20 kg de muscles supplémentaires (1,81 m pour 108 kg), trois titres de champion d’Europe, un Top 14, une médaille d’or à VII à Rio en 2016... Le jeune homme timide et un peu perdu à son arrivée en France se sent désormais à l’aise à Toulon. Et ses entraîneurs sont les premiers à le confirmer : il semble en avoir encore beaucoup sous les crampons. Désormais sous contrat jusqu’en 2021 avec le RCT, le nouveau Josua est arrivé. Fort comme un buffle, tranchant comme une lame et solide comme un roc.
« Le temps du travail est revenu »
Finis les coups de blues ou de moins bien, dus à l’éloignement de son paradis blanc : sa famille lui a longuement rendu visite l’hiver dernier quand il soignait une blessure à la cheville. Dès la finale perdue en juin face à Clermont, Tuisova est aussi rentré se marier aux Fidji d’où il a ramené son épouse, Tarusila Voliwa Ravouvou. Aujourd’hui, Josua n’a rien renié de ses ambitions sportives. « Je veux gagner le Top 14 », déclare-t-il simplement. Mais il pense aussi très sérieusement à devenir papa : « J’ai pu profiter de mes parents et ça m’a fait vraiment plaisir. Je me suis également marié et je me sens très bien maintenant. J’espère avoir bientôt un enfant, mais le temps du travail est revenu... » Aussi discret à la ville qu’il peut être éblouissant sur le terrain, Josua n’aime pas vraiment se raconter. Au terme d’un entretien presque « forcé », il n’en dira pas plus. Ou presque... Juste le temps de balayer d’un raffut amical l’idée de jouer bientôt en 3e ligne : « Pour l’instant, je ne me sens pas prêt et je suis très bien à l’aile. » Et de préciser qu’il sera « heureux » de jouer l’an prochain avec son frère Filipo Nakosi (engagé deux ans au RCT mais prêté à Agen). Cette pudeur ne change rien à son rendement sur le pré. Il l’a encore prouvé contre Toulouse le week-end dernier au terme d’une première prestation déjà décisive.
Des stats impressionnantes
Le jeune homme, dont on a très vite pressenti le pouvoir de nuisance pour les défenses, est juste devenu un joueur hors-norme. Qui enchante ses supporters et alimente leurs fantasmes. Pourquoi dès lors chercher à le faire rentrer dans une case ? Depuis ses premiers pas dans le Top 14, Tuisova affiche des stats impressionnantes, notamment en terme de défenseurs battus et de mètres parcourus, où il n’a pas encore trouvé son maître. Les réseaux sociaux bruissent de ses exploits, les images de ses percussions frontales tournent en boucle sur YouTube. Et l’on attend logiquement toujours plus de lui... Très religieux, Tuisova compte beaucoup sur son dieu pour l’aider à gagner encore en « déchirant » tout sur son passage. Mais il fait aussi de son côté tout ce qu’il faut pour continuer à être performant. Appliqué. À l’écoute. On ne prend pas 20 kg de muscles en faisant le « boudin ». « Dès que je sors de l’entraînement, je rentre à la maison, et je me prépare tranquillement pour le match du dimanche », confirme-t-il, bien loin des paillettes et des écarts du star-system. Il pourrait pourtant largement se prendre pour un autre, tant il est adulé par le public toulonnais et doté de qualités exceptionnelles. « Je n’avais encore jamais rencontré un rugbyman aussi puissant, rapide et explosif que lui », expliquait encore cette semaine son préparateur physique, Thibault Giroud. À Montpellier, que ce soit Nadolo, un autre joueur surdimensionné, ou Timoci Nagusa, son alter ego qu’il côtoie avec l’équipe nationale des Fidji, tout le monde est largement prévenu : « J’ai hâte de les affronter. Mais que ce soit Ashton, un mec de classe mondiale, ou mon pote Tuisova, je sais que la journée sera difficile », avouait cette semaine à Rugbyrama , cet autre oiseau du paradis venu enchanter le Top 14. Gageons que Josua ne le décevra pas...