Six mois ferme pour avoir tué un chat
LE BOURREAU DE «CHEVELU» CONDAMNÉ À DRAGUIGNAN
Le tribunal correctionnel de Draguignan a dépassé, hier, les réquisitions du procureur en décernant un mandat de dépôt à la barre.
Le chat « Chevelu », frappé à mort à coups de pied, dans le centre ancien de Draguignan, dans la nuit du 30 au 31 mai dernier, était hier l’emblème de toutes les violences que l’on peut exercer sur les animaux. Ce n’est pas par hasard que l’on trouvait, au banc des parties civiles du tribunal correctionnel de Draguignan, les onze principales associations de défense de la cause animale de France. Toutes ont obtenu 500€ de dommages et intérêts, dans le procès de Johnny, un pâtissier de 28 ans, auteur des sévices graves et actes de cruauté qui ont causé la mort de ce pauvre « Chevelu ». Un chat qu’il lui était pourtant arrivé de nourrir, puisque l’animal, âgé d’un an, avait été adopté collectivement par les gens du quartier. Un chat qu’il soupçonnait de faire ses besoins sur la selle de son scooter, et qu’il a massacré de trois coups de chaussures de sécurité à bouts ferrés, sous le coup d’une bouffée de colère.
« Un tribunal, pas une tribune »
Les conditions épouvantables de la mort de « Chevelu » avaient déclenché une vague d’indignation dans le quartier. Elle a vite enflé pour gagner toute la ville, puis, par le biais des réseaux sociaux, le département, la région et d’autres villes de France. Dans ces conditions, il ne fallait pas s’étonner que plus de deux cents personnes aient fait le pied de grue devant le palais de justice, pour tenter de trouver une place dans la salle d’audience. Une salle dont, vu l’ambiance très tendue, la présidente a cru utile de rappeler qu’il s’agissait « d’un tribunal et non d’une tribune ». Johnny y est arrivé libre, sous contrôle judiciaire.
Il avait déjà abandonné un chien
Le procureur Michael Darras a d’emblée précisé qu’il demanderait au tribunal de retenir, contre Johnny, l’état de récidive légale, qui entraînait le doublement de la peine encourue, soit quatre ans de prison. Cette récidive découlait d’une précédente condamnation en juin 2016 (à 750€ d’amende) pour avoir laissé son chien enfermé dix jours à son domicile, où il est mort de faim et de soif. Johnny a confirmé à la barre les aveux qu’il avait passés aux policiers dracénois, deux mois après les faits, au terme de trente-six heures de garde à vue. « Ce chat n’avait pas à subir ce que je lui ai fait subir. Je suis vraiment désolé. Si j’avais une solution pour le ramener, je le ferais. » À son passif, la présidente a indiqué que pendant deux mois, sa compagne et lui avaient désigné comme suspect aux policiers un autre habitant du quartier, totalement étranger à l’affaire. En répandant son identité sur les réseaux sociaux, ils lui avaient fait risquer un lynchage. Et ils avaient considérablement retardé l’enquête de police.
Il est parti en prison
Le procureur était d’accord avec la plupart des avocats des parties civiles : « Il faut lui interdire de manière définitive de détenir tout animal domestique. » Il a souligné que Johnny avait déjà onze mentions sur son casier judiciaire, et qu’au moment des faits il était à la fois sous le régime du sursis avec mise à l’épreuve, et sous contrôle judiciaire. Il a requis neuf mois de prison ferme. « Mais je ne demande pas de mandat de dépôt, parce que le juge de l’application des peines qui le suit dit que son évolution est positive, et il a un emploi qui l’attend lundi. » Dans une défense au pied levé, Me Jamel Guesmi a engagé le tribunal à faire fi « de l’émotion et de l’emballement pour donner à l’affaire sa juste proportion ». «Les faits sont affreux. Mais vous avez affaire à quelqu’un qui a été abandonné à trois mois, placé en foyer jusqu’à 18 ans, cassé par la vie, sans repères. Ça n’excuse pas, mais ça peut donner un éclairage. » Relevant la récidive, le tribunal a infligé à Johnny six mois de prison et a décerné un mandat de dépôt, outre l’interdiction définitive d’avoir un animal.