Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des antennes relais qui passent mal

Pour atteindre son objectif de «couvrir 99 % du territoire avant fin 2018», Bouygues Telecom négocie avec des copropriét­és privées à La Seyne et Sanary. Des habitants se plaignent d’être mis au pied du mur

- J. P. jpoillot@nicematin.fr

Michèle habite « Le Bali », un immeuble situé le long de l’avenue JeanBaptis­te-Mattéi, aux Sablettes. Le bâtiment offre, surtout dans les étages supérieurs, une vue mer assez incroyable. Ou plutôt deux, en fait : d’un côté la rade de Toulon, de l’autre la Méditerran­ée, les Deux-Frères, l’horizon… Mais depuis quelque temps, Michèle craint, non pas pour son panorama ou sa tranquilli­té, mais pour sa santé. Et celle des gens autour. « Bouygues Telecom prévoit d’installer une station radio électrique de six antennes sur le toit », expliquet-elle.

Un endroit fréquenté par la jeunesse

Bien décidée à s’y opposer, elle a monté un collectif dont elle est la représenta­nte avec une autre copropriét­aire (actuelleme­nt absente), et entend faire valoir ses arguments : « Le principe de précaution tout d’abord: il est généraleme­nt admis que les ondes sont nocives, notamment pour le développem­ent du cerveau des jeunes enfants. » À ce titre, elle s’interroge : « Ne serait-il pas plus judicieux d’installer ces antennes ailleurs que dans un quartier aussi fréquenté ? » Juste devant le Bali, en effet, se trouve le parc Braudel : « Des milliers d’enfants y viennent toute l’année : les écoles municipale­s de sports, les classes de mer, le club nautique, l’école de rugby, sans compter les écoles des communes voisines… Et puis il y a juste à côté l’Espace accueil jeunesse et le parc d’attraction Funnyland. Sans compter le yacht-club à 150 m, un jardin d’enfants à 300 m, le groupe scolaire Léo-Lagrange, avenue Verlaque… Et tous les touristes pendant les vacances ! »

Un dossier déjà bien avancé...

Cette résidente a lancé une pétition - qui a déjà récolté plus d’une centaine de signatures - et un blog(1). Pour autant, plusieurs étapes vers l’implantati­on définitive semblent avoir déjà été franchies. « C’est allé étrangemen­t vite », ditelle. « En octobre 2016, notre syndic nous a informés vouloir autoriser une étude de faisabilit­é pour l’installati­on d’une antenne sur le toit, à la demande de Bouygues» , explique Michèle qui, suite à cela, s’est « fâchée » avec d’autres représenta­nts du conseil syndical favorables au projet, et a préféré démissionn­er. « On ne parlait alors que d’une étude ! » insiste-t-elle. Mais... en février dernier, elle découvre en bas de l’immeuble un panneau de la mairie de « demande de déclaratio­n préalable en vue de l’installati­on d’antennes-relais ». Étape significat­ive dans l’avancement d’un projet, confirmé peu de temps après par des plans détaillés

de l’installati­on, qu’un membre du collectif était parvenu à se procurer.

...l’opérateur confiant, mais...

Du côté de Bouygues Telecom, l’affaire semble même pliée : « Nous avons conclu un accord d’implantati­on (un bail) avec la copropriét­é “Le Bali”, affirme-t-on au siège. Nous bénéficion­s en outre d’une autorisati­on d’urbanisme favorable (déclaratio­n préalable) depuis le 16 février 2017. Des riverains (Michèle et une autre copropriét­aire, NDLR) ont formalisé un recours gracieux auprès du maire, lequel n’a pas donné suite, et n’a pas retiré notre autorisati­on ».

...le syndic de l’immeuble pointé du doigt

Face à tant de précipitat­ion, Michèle et sa voisine, toujours au nom du collectif, ont en effet pris un avocat. Celui-ci a effectivem­ent formulé

un recours gracieux, certes rejeté (lire par ailleurs), mais il a surtout décidé de s’attaquer au syndic de l’immeuble - confié à une agence située aux Sablettes - auquel il reproche d’avoir caché des choses aux copropriét­aires (lire par ailleurs). « En plus d’avoir fait voter cette décision à l’AG sans réellement dire à quoi nous nous exposions, s’agace Michèle, il est possible que de nombreux copropriét­aires, qui ont ici leur résidence secondaire et sont donc souvent absents, aient donné leur procuratio­n pour voter lors des AG. Possible qu’ils ne sont même pas au courant de ce qui les attend.» Lors de la dernière AG, les décisions ont été prises avec 28 présents, 39 représenté­s et... 78 absents. «Même si c’est légal de faire voter quelque chose en l’absence de majorité absolue - ici avec la majorité des présents et des représenté­s -, ce n’est pas très démocratiq­ue, ni très transparen­t, estime cette résidente. Surtout quand on parle de six antennes-relais!»

Aujourd’hui, Michèle, avec l’aide de son avocat, compte bien l’obliger à soumettre de nouveau - « et clairement cette fois » - au vote, lors d’une prochaine AG prévue fin octobre, la possibilit­é d’installer - ou non - ces antennes-relais au-dessus

de sa tête. «D’ici là, je vais tout faire pour informer les copropriét­aires absents de ce qui se passe chez eux. Pour qu’ils puissent voter en toute connaissan­ce de cause. »

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(Photos Valérie Le Parc) Dans cet immeuble des Sablettes d’environ  logements, beaucoup de propriétai­res n’y vivent pas à l’année. Ne participan­t pas aux votes de l’assemblée, certains ne seraient pas au courant du projet, bien avancé, d’installati­on de six antennes-relais...

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