Trump - Macron: aux antipodes
« Donald Trump ne cesse de tresser des couronnes à Emmanuel Macron »
Les relations entre Emmanuel Macron et Donald Trump pourraient fournir l’intrigue d’un roman. A priori, tout les oppose: le jeune et le vieux, le passionné et le retors, le représentant d’un petit pays du vieux monde face à celui qui dirige le plus grand, le progressiste et l’américain républicain grand teint. L’allure aussi, discrète du Président français, flamboyante, cravate rouge et cheveux jaunes du Président américain. Leurs épouses, également, sont aussi dissemblables que possible: l’une, la Française, sans cesse proche de son mari, jouant le contact avec les foules, l’autre, Melania, superbe et effacée, toujours à quatre pas derrière son tonitruant seigneur et maître, comme écrasée par l’ampleur de sa tache. Mais la différence entre Donald Trump et Emmanuel Macron n’est pas uniquement une différence de style. Elle a été encore plus clairement marquée, avant-hier, à la tribune de l’ONU où, sur les points essentiels de leur politique étrangère, ils sont apparus aux antipodes l’un de l’autre. Se produire pour la première fois, comme Trump et Macron l’ont fait le septembre, devant une Assemblée générale des Nations Unies est toujours pour un nouveau chef d’Etat un moment clef, une sorte d’examen de passage devant les représentants de pays, dont chefs d’Etat. Autant dire qu’Emmanuel Macron avait beaucoup et longuement travaillé son discours tandis que Donald Trump a voulu fixer une fois pour toutes, sa doctrine qui se résume en un mot: souveraineté.
Le résultat? Rien de commun entre la vision du monde du chef de l’Etat américain et du Président de la République française. Du coté américain, un monde séparé entre les bons et les méchants, comme dans les vieux westerns. Parmi les méchants, figure bien sûr au premier plan la Corée du Nord, qui, en effet, joue un jeu bien dangereux avec l’envoi provocateur de ses missiles nucléaires au-dessus du Japon, mais pas seulement: l’Iran est un état voyou, le Venezuela apporte « angoisse, dévastation et échec » Face aux dangers, Donald Trump est allé jusqu’à menacer de détruire la Corée du Nord. Ce n’est pas tous les jours que l’on parle, dans le cadre feutré de l’ONU, de l’anéantissement programmé d’un pays! Face à ces outrances, Emmanuel Macron a plaidé, lui, pour un tout autre monde: multilatéral et non souverainiste, encore moins impérialiste, où le dialogue entre les pays est la clef de la paix, tandis que le refus de négocier est la certitude de la guerre. Un monde devant lequel s’élèvent les mêmes défis: le terrorisme, le dérèglement climatique, le changement informatique. Un autre discours, donc, prononcé sur un autre ton, devant des représentants de tous les pays du monde effrayés par le discours de Donald Trump, rassurés par celui d’Emmanuel Macron. Le paradoxe, presque incompréhensible, est que, dans la presse américaine, Donald Trump ne cesse de tresser des couronnes à Emmanuel Macron, qu’il l’appelle avec insistance son ami tandis que ce dernier fait preuve, à son égard, d’une exquise politesse. Hypocrisie de la diplomatie, ou tentative d’éviter les dérives du Président Folamour?