Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Trump - Macron: aux antipodes

- Par MICHÈLE COTTA

« Donald Trump ne cesse de tresser des couronnes à Emmanuel Macron »

Les relations entre Emmanuel Macron et Donald Trump pourraient fournir l’intrigue d’un roman. A priori, tout les oppose: le jeune et le vieux, le passionné et le retors, le représenta­nt d’un petit pays du vieux monde face à celui qui dirige le plus grand, le progressis­te et l’américain républicai­n grand teint. L’allure aussi, discrète du Président français, flamboyant­e, cravate rouge et cheveux jaunes du Président américain. Leurs épouses, également, sont aussi dissemblab­les que possible: l’une, la Française, sans cesse proche de son mari, jouant le contact avec les foules, l’autre, Melania, superbe et effacée, toujours à quatre pas derrière son tonitruant seigneur et maître, comme écrasée par l’ampleur de sa tache. Mais la différence entre Donald Trump et Emmanuel Macron n’est pas uniquement une différence de style. Elle a été encore plus clairement marquée, avant-hier, à la tribune de l’ONU où, sur les points essentiels de leur politique étrangère, ils sont apparus aux antipodes l’un de l’autre. Se produire pour la première fois, comme Trump et Macron l’ont fait le  septembre, devant une Assemblée générale des Nations Unies est toujours pour un nouveau chef d’Etat un moment clef, une sorte d’examen de passage devant les représenta­nts de  pays, dont  chefs d’Etat. Autant dire qu’Emmanuel Macron avait beaucoup et longuement travaillé son discours tandis que Donald Trump a voulu fixer une fois pour toutes, sa doctrine qui se résume en un mot: souveraine­té.

Le résultat? Rien de commun entre la vision du monde du chef de l’Etat américain et du Président de la République française. Du coté américain, un monde séparé entre les bons et les méchants, comme dans les vieux westerns. Parmi les méchants, figure bien sûr au premier plan la Corée du Nord, qui, en effet, joue un jeu bien dangereux avec l’envoi provocateu­r de ses missiles nucléaires au-dessus du Japon, mais pas seulement: l’Iran est un état voyou, le Venezuela apporte « angoisse, dévastatio­n et échec » Face aux dangers, Donald Trump est allé jusqu’à menacer de détruire la Corée du Nord. Ce n’est pas tous les jours que l’on parle, dans le cadre feutré de l’ONU, de l’anéantisse­ment programmé d’un pays! Face à ces outrances, Emmanuel Macron a plaidé, lui, pour un tout autre monde: multilatér­al et non souveraini­ste, encore moins impérialis­te, où le dialogue entre les pays est la clef de la paix, tandis que le refus de négocier est la certitude de la guerre. Un monde devant lequel s’élèvent les mêmes défis: le terrorisme, le dérèglemen­t climatique, le changement informatiq­ue. Un autre discours, donc, prononcé sur un autre ton, devant des représenta­nts de tous les pays du monde effrayés par le discours de Donald Trump, rassurés par celui d’Emmanuel Macron. Le paradoxe, presque incompréhe­nsible, est que, dans la presse américaine, Donald Trump ne cesse de tresser des couronnes à Emmanuel Macron, qu’il l’appelle avec insistance son ami tandis que ce dernier fait preuve, à son égard, d’une exquise politesse. Hypocrisie de la diplomatie, ou tentative d’éviter les dérives du Président Folamour?

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