Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le soutien du Vélodrome

Hier soir, les supporters ont longuement scandé le nom du « boss » alors qu’il se bat contre un cancer de l’estomac, à Paris. Pour Dominique Tapie, son épouse, « ce soutien vaut toutes les chimios du monde ».

-

Hors norme, volontiers provocateu­r, parfois brutal, Bernard Tapie n’a jamais fui l’affronteme­nt – quand il ne le recherchai­t pas. Que ce soit en politique, en affaires, lors de ses incursions dans le monde du sport ou des médias, sans oublier ses démêlés judiciaire­s, c’est même au coeur du combat qu’il pouvait sembler puiser son énergie, voire sa motivation. Mais c’est un ennemi particuliè­rement insidieux et intime auquel fait face aujourd’hui celui qui, depuis près de quatre décennies, occupe une place singulière et controvers­ée parmi les personnali­tés hexagonale­s : l’’homme d’affaires, ancien ministre et ex-président de l’Olympique de Marseille (OM) de 1986 à 1994, âgé de 74 ans, est actuelleme­nt traité par chimiothér­apie au service d’oncologie de l’hôpital Saint-Louis (Paris) pour «un cancer de l’estomac avec extension sur le bas de l’oesophage », a déclaré hier sa femme Dominique. La veille au soir, l’annonce qu’il était «gravement malade» avait aussitôt agité les réseaux sociaux et le milieu des supporteur­s marseillai­s (nos éditions d’hier).

Son épouse se dit optimiste

«On espère une interventi­on chirurgica­le possible avant la fin de l’année. Sa nature de battant et l’affection de sa famille, de ses proches, mais aussi les formidable­s témoignage­s d’encouragem­ent qu’il reçoit nous rendent optimistes» ,a ajouté son épouse. Joint au téléphone hier par l’AFP, il a lui-même déclaré qu’il allait «se battre comme il l’a toujours fait». Sa maladie a été diagnostiq­uée il y a moins de trois mois, avait confié samedi sur RMC Sport son fils Stéphane, qui a déclaré qu’il n’assisterai­t pas au match OM-Toulouse, qui se tenait hier soir au stade Vélodrome, afin de pouvoir rester au côté de son père. Un hommage spécial a été rendu à cette occasion au «Boss» (lire ci-dessous), comme l’appellent les supporters du club phocéen, qui ont pour lui une reconnaiss­ance indéfectib­le depuis le sacre de 1993 en Ligue des champions face à l’AC Milan – un exploit unique dans l’histoire du football français.

Multiples carrières

Un épisode parmi tant d’autres dans une vie qui donne le tournis. Car « Nanard », comme le surnommaie­nt Les Guignols de l’info dont il était devenu l’une des marionnett­es vedettes, a multiplié les casquettes, et les « coups », tout au long de sa longue carrière : pilote automobile, chanteur de variétés, animateur de télévision, écrivain, chef d’entreprise, repreneur de sociétés en difficulté, acteur, dirigeant sportif, patron de presse, député des Bouchesdu-Rhône et même, brièvement, ministre de la Ville de Mitterrand en 19921993. Son nom reste aussi associé à de grosses affaires judiciaire­s (VA-OM, Adidas-Crédit lyonnais…), qui lui ont valu en 1995-1996 une incarcérat­ion de six mois dans le cadre de l’affaire VA-OM. Et en mai dernier, ultime rebondisse­ment d’un feuilleton judiciaire exceptionn­el par sa durée, sa complexité et ses enjeux financiers, il a été définitive­ment condamné à rendre, avec intérêts, les 404 millions d’euros qu’il avait obtenus en 2008 en vertu d’un arbitrage privé dans l’affaire Adidas. L’actuel propriétai­re de La Provence et de Corse-Matin (et ancien co-actionnair­e du groupe Nice-Matin), qui se disait fin 2015 « ruiné de chez ruiné », a obtenu en juin l’étalement de sa dette sur six ans au lieu de la saisie immédiate de ses biens – dont sa villa de 500 m2 à Saint-Tropez, La Mandala (il avait en revanche revendu en 2014 son yacht le Reborn pour rembourser ses dettes).

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France