Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Nice : Coulibaly ciblait bien les militaires

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Il fut le premier d’une longue série. Triste première que cette attaque au couteau contre des militaires de la force Sentinelle, commise le 3 février 2015 à Nice par Moussa Coulibaly. Depuis, six attaques similaires sont survenues sur le sol français, du Carrousel du Louvre aux Champs-Élysées, de l’aéroport d’Orly à la station Châtelet-lesHalles le 15 septembre. Moussa Coulibaly, lui, séjourne toujours en détention dans l’attente de son procès. Originaire de Mantes-la-Jolie (Yvelines), ce petit délinquant aujourd’hui âgé de 33 ans a voulu attenter à la vie de trois militaires du 54e régiment d’artillerie d’Hyères. L’un d’eux avait été blessé au visage, un deuxième à la main en tentant de le désarmer. L’interventi­on du troisième avait permis de neutralise­r l’assaillant, sans coup de feu.

« Haine de la France et des militaires »

Le jour de l’attaque, ces militaires sont de faction place Masséna, veillant sur le consistoir­e israélite et les locaux de radio voisins. Un mois plus tôt, la France a vécu les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher, commises par les frères Kouachi et Amédy Coulibaly. Moussa, un homonyme, va réveiller le spectre terroriste à Nice, bien avant l’attaque de la promenade des Anglais. Ce 3 février, Moussa Coulibaly agresse les militaires avec deux couteaux «de grande dimension ». Il passera quatre jours en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire. Entendu par la crim’, la sous-direction anti-terroriste de la PJ (SDAT) et la direction générale du renseignem­ent intérieur (DGRI), il se contente de déclaratio­ns laconiques, invoquant « la haine des juifs, des militaires, de la France et de François Hollande ». Déféré à Paris, Moussa Coulibaly est mis en examen et placé en détention. Il ne fera plus parler de lui.

Zones d’ombre

Parler, il l’a néanmoins fait, depuis, dans le cabinet du juge d’instructio­n. D’après nos informatio­ns, l’assaillant de la place Masséna y a précisé ses intentions. Il a affirmé que son attaque visait bien les militaires, et non les organisati­ons juives sur lesquelles ceux-ci veillaient. L’hypothèse d’une attaque antisémite semblerait donc écartée… Du moins si l’on en croit ses déclaratio­ns. Aujourd’hui encore, bien des zones d’ombre subsistent pourtant sur le scénario de l’attaque. Moussa Coulibaly serait-il le premier de ces « loups solitaires » passés à l’acte de sa propre initiative? Ou son dessein criminel a-t-il été piloté par une organisati­on bien structurée ? Le jeune homme avait tenté de rejoindre la Syrie, via la Turquie. Sans succès. Cueilli par la police aux frontières à l’aéroport d’Ajaccio fin 2014, il avait été relâché faute de charges suffisante­s. Le destin qu’il s’imaginait en zone de guerre reste un mystère. Seule certitude: il s’était déjà distingué par son prosélytis­me dans une salle de sport des Yvelines. Moussa Coulibaly reste mis en examen pour « associatio­n de malfaiteur­s en lien avec une entreprise terroriste et tentative d’assassinat sur personne dépositair­e de l’autorité publique ». Sauf péripétie judiciaire, il répondra de ses actes devant la cour d’assises spéciale de Paris.

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