Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sagan, c’est géant

Julian Alaphilipp­e est passé près d’endosser le maillot arc-en-ciel. Mais la tunique est encore restée sur les épaules du Slovaque qui réalise un triplé inédit

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Et de trois ! Hier, à Bergen, Peter Sagan est monté sur le toit du monde pour la troisième fois en trois ans, une performanc­e inédite dans le cyclisme. « Dans les cinq derniers kilomètres, j’ai pensé que c’était perdu », a reconnu le Slovaque. Mais Julian Alaphilipp­e et son compagnon d’échappée, l’Italien Gianni Moscon, en passe de se disputer le titre suprême, ont été rejoints à 1500 mètres de la ligne, sans que la télévision, réduite à ses caméras fixes, puisse retransmet­tre ces instants-clé de la course majeure de l’année. Au sprint, Sagan, qui ne s’était pas montré au long des 267 kilomètres, a remonté in extremis le Norvégien Alexander Kristoff qu’il a devancé d’une demi-roue. L’Australien Michael Matthews a pris la troisième place, son deuxième podium après sa deuxième place de 2015 à Richmond (États-Unis) lors du premier titre du Slovaque. Comme prévu, à l’exemple de la tactique suivie l’an passé dans les sables de Doha (Qatar), Sagan s’en est remis aux autres sélections nationales, faute de pouvoir s’appuyer sur une équipe nationale solide (six coureurs pour la Slovaquie contre neuf aux nations fortes). Pari réussi, puisqu’aucune échappée n’a pu aller au bout. Pas plus le groupe formé à l’initiative du Belge Tim Wellens à 65 kilomètres de l’arrivée que le duo Alaphilipp­e-Moscon dans le dernier des onze tours de circuit. Par son attaque tranchante dans la dernière ascension de la côte de Salmon Hill, à 11 kilomètres de la ligne, Alaphilipp­e a longtemps fait figure de vainqueur en puissance. « J’y ai vraiment cru, j’ai donné tout ce que j’avais », a déclaré le puncheur français, très déçu à l’arrivée (10e).

En tête au palmarès

Le Montluçonn­ais, passé déjà près de l’exploit aux JO de Rio (4e après une chute), a distancé Moscon sur les pavés d’un faux plat montant aux 4500 mètres. Seconde par seconde, le jeune Italien (23 ans), très en vue dans les classiques du printemps, a grignoté son retard pour revenir sur le Français aux 2 kilomètres. Le retour du peloton, aux 1500 mètres, a rebattu les cartes et, à ce jeu-là, Sagan a tiré une nouvelle fois le bon numéro. En conclusion d’une saison qui l’a vu échouer dans les grands rendez-vous et perdre son maillot vert du Tour de France, après son exclusion pour sprint dangereux. « C’est une année magnifique» , a réagi le triple champion du monde dont la femme attend un premier enfant. Il avait auparavant dédié ce titre au coureur italien Michele Scarponi décédé accidentel­lement en avril dernier : « Je pense très fort à lui. » Le sacre de Bergen lui permet de rejoindre au palmarès les quatre coureurs (l’Italien Alfredo Binda, les Belges Rik Van Steenberge­n et Eddy Merckx, l’Espagnol Oscar Freire), qui comptent trois succès dans la course arc-en-ciel. Mais il est le seul à avoir gagné trois fois de suite. À 27 ans, le Slovaque qui s’accommode de la plupart des parcours, est bien parti pour ajouter un ou plusieurs maillots irisés à sa collection. À terme court ou moyen : le circuit d’Innsbrück, la ville autrichien­ne qui accueiller­a les Mondiaux 2018, semble en effet jouer contre lui, avec quelque 5000 mètres de dénivelé.

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(Photo AFP) Peter Sagan a encore fait bégayer l’histoire : champion du monde force  !

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