Que des bons souvenirs !
Il faut espérer que, délivrée de ses soucis thyroïdiens, l’Agence nationale de sécurité du médicament pourra valider rapidement l’usage extra-cardiologique du Propranolol, ce bêta-bloquant déjà capable de réduire la production d’adrénaline. Car de récentes et très sérieuses expérimentations ont montré que ces cachets pouvaient venir à bout du stress post-traumatique. Non pas en faisant disparaître tous les mauvais souvenirs, mais en les estompant. Ainsi, le contribuable mémorisera-t-il davantage l’exonération de la taxe d’habitation que l’augmentation de la CSG ou l’apparition de l’ISF immobilier. De même, il imputera l’élection de Macron à ses brillantes études plutôt qu’aux magouilles sordides des époux Fillon. Il en sera ainsi, j’imagine, pour toutes les circonstances qui assombrissent notre existence. Aura-t-on raté un mariage ? On ne se souviendra plus que de la petite fête organisée pour célébrer le divorce en compagnie des vieux copains préférés à la jeune épouse. Des malfrats auront-ils volé votre chère bagnole dans la nuit ? Vous vous féliciterez de ne plus avoir à vous préoccuper de son stationnement ni de l’abaissement de la vitesse urbaine à l’allure d’un piéton fatigué. Un bac + révélera-t-il à la télé qu’il n’est jamais sorti du chômage ? Le Propranolol lui remettra en mémoire la réconfortante formule de Pierre Dac assurant qu’ «un homme parti de zéro pour arriver à rien n’a de merci à dire à personne ».