Les gagnants et les perdants du budget
Des choix douloureux, pour un numéro d’équilibrisme délicat. Un seul objectif, « inverser la courbe de la dépense publique ». Ainsi le porteparole du gouvernement, Christophe Castaner, a-t-il résumé la ligne de conduite de l’exécutif pour le budget 2018, avec un déficit public à 2,6 % du PIB l’an prochain (soit en dessous des 3 % requis en zone euro).
« Forte hausse du pouvoir d’achat des salariés »
Pour le premier budget du quinquennat Macron, censé planter le décor pour l’ensemble du quinquennat, l’exécutif avait promis de « faire des choix »... et, forcément, des déçus. Une position assumée par Bercy, qui a assuré ce mercredi vouloir « tenir ses promesses ». Christophe Castaner a défendu un « budget de transformation et de pouvoir d’achat », avec « une forte hausse du pouvoir d’achat des salariés ». « La France qui ne tient pas ses objectifs budgétaires, qui accumule les déficits, est une France dont la parole politique a perdu toute crédibilité », a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse, insistant sur la nécessité de respecter les engagements européens de Paris, en restant sous la barre des 3 % de déficit. Dans sa trajectoire macroéconomique, le ministère des Finances a ainsi prévu 2,6 % de déficit public par rapport au produit intérieur brut (PIB) l’an prochain, après 2,9 % en 2017. Un engagement difficile à conjuguer avec les baisses d’impôts massives promises depuis des mois par le gouvernement. Surprise de ce PLF : la réduction des prélèvements obligatoires ne sera que de 7 milliards d’euros en 2018, alors que le gouvernement promettait ces dernières semaines une baisse de 10 milliards.
Les retraités pénalisés
Cette différence de 3 milliards tient au fait que la baisse des cotisations chômage et maladie (qui permet une hausse du pouvoir d’achat des salariés), initialement prévue en janvier, se fera pour partie en octobre 2018, alors que la hausse de la CSG, qui pénalise les actifs et les retraités, sera intégralement appliquée dès le 1er janvier. « En moyenne, nous serons à sept milliards d’euros » de baisse l’an prochain, a reconnu M. Le Maire, niant tout renoncement. En année pleine, il y aura « bien 10 milliards d’euros d’impôts en moins pour les ménages et pour les entreprises », grâce aux mesures prévues dans le projet de budget 2018, a-til détaillé. Outre cette baisse des prélèvements obligatoires, le PLF prévoit des augmentations significatives de crédits pour quelques ministères prioritaires : le budget des Armées augmentera ainsi comme prévu de 1,8 milliard d’euros pour atteindre 34,2 milliards d’euros, tandis que la justice gagnera 300 millions d’euros de plus à 7 milliards. Ce PLF « bénéficiera à tous les Français sans exception et protègera les contribuables les plus modestes », a assuré M. Le Maire. Le projet de loi de finances 2018 est un « budget de petite continuité » et non de rupture, a critiqué ce mercredi le président LR de la commission des Finances de l’Assemblée, Eric Woerth.