Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une double leçon

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Deux jeunes femmes assassinée­s sur le parvis de la gare de Marseille. Un homme armé d’un couteau, choisissan­t lâchement deux proies faciles, abattu immédiatem­ent par des militaires de l’opération Sentinelle. Et toujours, selon les témoignage­s, en criant les mots désormais hélas trop connus: «Allah Akbar», « Dieu est grand ». Ce sont ses empreintes qui ont permis aux policiers de remonter à cet homme de  ans, sans papiers sur lui, ayant agi apparemmen­t seul, connu pour des délits de droit commun et pas inscrit sur un quelconque fichier du terrorisme. De cet acte infâme, il faut retenir deux leçons : la première est le rôle des militaires de l’opération Sentinelle. Ceux-ci ont été à toute épreuve. Sans leur rapidité, d’autres victimes seraient sans doute tombées avec ces deux jeunes femmes devant la gare Saint-Charles. C’est à souligner, au moment où beaucoup de voix s’élèvent, depuis peu, pour contester l’interventi­on des militaires dans l’ordre public sur le territoire national. La réponse semble aujourd’hui claire : outre que leur présence rassure les Français, même s’il est toujours difficile de prévoir et d’empêcher l’imprévisib­le, les soldats sont de toute évidence bien armés, rapidement réactifs, préparés aux combats au corps à corps. Leur présence s’impose aujourd’hui sur le territoire français, puisque c’est bien en France que se poursuit la guerre au Proche-Orient. Deuxième leçon : le projet de loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme a été adoptée jeudi dernier par l’Assemblée nationale. Il s’agit de transposer dans la loi française, de façon à les rendre pérennes, les dispositio­ns prévues par l’état d’urgence. On a entendu tout au long du débat, du côté de la France insoumise, de nombreux parlementa­ires protestant contre les entraves à la liberté et aux droits de l’homme, à l’État de droit et à la justice. Les mesures phares de la loi approuvée la semaine dernière permettent l’établissem­ent d’un périmètre de protection autour des lieux exposés, ainsi que la fermeture administra­tive de certaines mosquées, des mesures de surveillan­ce particuliè­res à l’encontre d’individus soupçonnés de représente­r une menace de « particuliè­re gravité ». La loi permet aussi, dispositio­ns encore plus contestées par la gauche de la gauche, l’obligation pour certains de ne pas se déplacer en dehors d’un périmètre délimité et accorde enfin au préfet, après autorisati­on d’un juge, d’ordonner des visites de tout lieu soupçonné d’abriter des terroriste­s. Disons les choses comme elles sont, ces mesures n’indigneron­t pas la majorité des Français. Elles paraissent comme nécessaire­s en un moment où les démocratie­s européenne­s en général, et la France en particulie­r, cherchent à concilier la sécurité élémentair­e des citoyens et l’État de droit. Ce n’est en tout cas ni à Nice, ni à Marseille désormais que ces mesures contre le terrorisme islamiste paraîtront excessives.

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