Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Pourquoi Bryan l’Antibois n’assistera pas aux débats

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«Bryan a longtemps hésité… mais il ne viendra pas. Il ne veut pas, et il ne peut pas. » Une absence éloquente. Pour Me Philippe Soussi, l’avocat niçois de Bryan Bijaoui, ce choix «en dit long sur l’impact du terrorisme… » Bryan, 20 ans désormais, a été grièvement blessé par Mohammed Merah le 19 mars 2012, à l’école Ozar HaTorah de Toulouse (rebaptisée depuis Ohr Torah). Alors adolescent, l’Antibois avait eu le thorax transpercé, de part en part, par la balle du tueur au scooter. Ce jourlà, Bryan est la seule victime physique à avoir survécu. Mais il peine à surmonter ce drame indélébile. Ce matin-là, Bryan et un camarade se trouvent à l’entrée de l’école, veillant sur la fille du directeur. Soudain, Bryan ressent « comme un coup de Taser », perçoit «un sifflement » et voit surgir l’assaillant, cagoulé et armé. Il pousse la fillette pour la protéger et crie aux autres de s’enfuir, avant de faire de même. « Je sentais mon bras gauche se crisper et une douleur à ce même bras. Pendant que je courais, j’entendais des cris et des coups de feu. » Bryan ne réalisera sa blessure qu’une fois alité, en voyant son sang couler. Son poumon a été transpercé. Il restera dix jours en réanimatio­n. Bryan Bijaoui en conserve de profondes séquelles physiques. Son « déficit fonctionne­l » a été évalué à 15 %. « Je ne peux pas dire qu’il va bien, disons qu’il va mieux », témoigne Me Soussi. Son jeune client vit aujourd’hui à l’étranger. Il s’est entretenu avec son avocat cet été, «longuement». C’est là que Bryan a annoncé qu’il ne viendrait pas.

« Rien dire ni entendre »

« L’approche du procès le bouleverse complèteme­nt, explique Me Soussi. Aujourd’hui, Bryan est dans la mise à distance. Il ne veut pas voir en face de lui les complices du barbare qui a bouleversé sa vie et assassiné ses camarades d’école – des enfants. Il ne veut rien leur dire, ni rien entendre d’eux. » Dès lors, Philippe Soussi salue «une décision extrêmemen­t respectabl­e ». Par ailleurs avocat de l’Associatio­n française des victimes du terrorisme dans le dossier du 14Juillet, il le sait bien : « Les dossiers de terrorisme nous enseignent que chaque victime a sa façon de se reconstrui­re. Face à l’ombre longue de la terreur, cette mise à distance est sa thérapie, sa résilience. » L’avocat en convient : « Tout, dans ce dossier, fait peur… » Mais il insiste : même absent, Byran « veut que justice soit rendue. Et il attend beaucoup de ce procès ! »

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(Photo d’archives Franz Chavaroche) Le jeune blessé au cabinet de son avocat niçois, Me Philippe Soussi, en .

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