La sénatrice Claudine Kauffmann suspendue du Front national
La direction du parti a sanctionné la sénatrice FN qui, hier, assumait la comparaison «maladroite» entre migrants et nazis qu’elle avait réalisée en mai dernier, sur son profil Facebook
Quelques mots de Léon Zitrone postés depuis quelques heures seulement, sur la page Facebook de Claudine Kauffmann : « Qu’on parle de moi en bien ou en mal peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi. » La sénatrice FN du Var s’amusait hier à répondre sur son profil Facebook à la polémique suscitée par la publication en mai dernier sur ce même profil, de deux photos comparant les migrants d’aujourd’hui aux… nazis d’hier ! L’image de la couverture du livre de Julian Jackson, La France sous l’Occupation, sur laquelle on voit Adolf Hitler et d’autres soldats nazis marcher sur le parvis du Trocadéro en parallèle à des hommes et des femmes perdus sous les panneaux d’indication parisiens…
«Une comparaison maladroite»
Claudine Kauffman y ajoutait ce titre : « Ceci [Les migrants sur un trottoir de Paris, Ndlr] me fait penser
à… cela !!! » Et elle continuait même, dans les commentaires : « Si la photo de
gauche [celle des migrants] ne s’appelle pas l’occupation, dites-moi comment cela s’appelle ! » Celle qui a récupéré le siège de la chambre haute laissé vacant par David Rachline ne regrette pas la comparaison. Tout juste consentait-elle hier, au téléphone, à avouer que c’était « une comparaison maladroite. C’était en mai, j’étais en colère que l’État ne fasse rien face à cette migration à laquelle nous sommes confrontés. » C’est, en effet, ce qu’elle laisse entendre dans un autre commentaire : « Quand nous étions en guerre nous nous battions pour rendre la France libre mais aujourd’hui, personne ne lutte contre cette invasion ! » « Vous savez, ajoute-t-elle, je suis une Française qui aime son pays, et je suis désolée de voir ce qui s’y passe. J’ai beaucoup d’amis étrangers Je n’ai rien contre les migrants, mais quand j’ai vu cette photo [de migrants, Ndrl] c’est l’image [des nazis occupant Paris] que j’ai eue en tête à ce moment-là ! » « A moins d’être d’une mauvaise foi patente, nul ne peut nier l’incidence négative de ce que je dénonçais alors sur la vie quotidienne de nos compatriotes. La jeune fille de dix-sept ans que j’étais, pourrait-elle aujourd’hui à Paris aller en toute quiétude de la rue Blanche aux Buttes Chaumont à vingt-trois heures après avoir quitté ses cours d’art dramatique?, relève encore la sénatrice du Var, par communiqué officiel cette fois. De surcroît, les meurtres des deux jeunes filles à Marseille le premier octobre dernier, perpétrés par un individu en situation irrégulière sur notre territoire, illustrent dramatiquement l’irresponsabilité à cet égard de pouvoirs publics manifestement dépassés. Je ne retranche donc rien de la publication qui m’est ce jour reprochée. Ceux qui se drapent à cet égard de la toge des offusqués, seraient mieux inspirés de se préoccuper des dramatiques conséquences de la présence illégale sur notre sol d’individus dont certains affrontent désormais ouvertement la police, voire assassinent nos enfants. »
Un précédent en octobre
Une prise de position affirmée que n’a pas goûté la direction nationale du FN. D’autant moins qu’en octobre 2016, celle qui n’était encore que conseillère municipale d’opposition à La Celle traitait les migrants de « vermine » dans un commentaire sur un post Facebook de Nicolas Bay, alors secrétaire général de la formation frontiste. Enfin, pour sceller définitivement la décision du parti, la sénatrice FN nouvellement nommée se rendait à La Seyne, à la rencontre notamment de la conseillère municipale de La Seyne et conseillère départementale Virginie Sanchez, ex-FN ! La suspension a pris effet immédiatement, et ce en attendant « que la sénatrice puisse s’expliquer devant la direction », confie-t-on à la direction du Front national. Le défunt Léon (Zitrone) pour sa part, goûterait peut-être peu l’utilisation de son propos : né en 1914 à Saint-Pétersbourg, il a fui le communisme avec ses parents avant d’arriver en France, dans les années 1920. Lui aussi, était un migrant.