Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Gu : « On a été les derniers»

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Avec Jean-Jacques Guglielmi, dit « Gu », on a l’impression de se retrouver dans les premières scènes du film Adieu la raille .« On était tous à la place de la Porterie, explique cet ancien de la raille de la Loubière, aujourd’hui septuagéna­ire. C’était le rendez-vous. Il y avait un monument aux morts, et on y était tous assis le soir. Il y avait plus de cyclos que de graviers par terre». Et il raconte la même histoire que tous les autres railleux que nous avons rencontrés : « C’était rigolo, on se mettait dessus, après c’était fini ». La suite est moins drôle. Mais avant, ses plus proches voisins de bureau deviennent ses amis et, hasard de l’alphabet qui rangeait à l’époque les élèves par noms, ils se nomment Fargette et Finale. Leur raille commet les 400 coups.

Courses-poursuites avec la police

Les marins qu’ils importunen­t jettent plusieurs cyclos au port. Pas le sien. «Mécanicien de métier, je démarrais bien. Je suis parti avant », raconte-t-il, le sourire aux lèvres. Pareil avec la police, « qui nous courait derrière avec de vieilles motos. Le temps qu’elles démarrent… On les amenait dans une petite avenue. Dans une cour, le portail était tout rouillé, il ne fermait plus, on passait par le portillon et on se retrouvait à l’école des 3 quartiers». Rien de bien méchant cependant, les pétards qui sévissent

ne sont pas encore des vrais. Ils investisse­nt le fort d’Artigues et son souterrain. « On a fait nos premières amours ». Il y met un peu le feu aussi. « On disait “on va se faire la dure” . On prenait des pierres dans les poches pour se les lancer. Il n’y avait pas de mort, on se demande comment ». Les couvercles de lessiveuse­s et de poubelles servaient de boucliers. Les filles, «on les touchait pas, sauf si elles étaient d’accord. Jamais de force, c’était réglo », précise-t-il. Les cyclos, « on les prenait, on ne les abîmait pas. On les laissait quand il n’y avait plus d’essence». Un même

phare pouvait faire le tour du quartier, « si on avait besoin, on prenait ». Bref, « on était plus souvent à la plage qu’à l’école », résume-t-il. L’armée les a séparés. Gu rentre, comme son père, dans la police, avant de démissionn­er quelques années plus tard et retrouver son premier métier, scaphandri­er. La suite, on la connaît. «Des copains se sont fait descendre. Sinon, beaucoup ont eu des accidents de moto… ou de plomb ».« On a été les derniers , estime-t-il. Bien sûr, il ne regrette rien. « Je souhaite à tous les jeunes d’avoir la vie que j’ai eue ».

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(Photo D. Leriche) « Gu », un survivant de la raille de la Loubière.

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