Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le feu encore aux portes de Bormes et la colère monte

Vendredi soir, un incendie s’est déclaré chemin de Maudroume. Seulement huit hectares ont été brûlés mais la répétition des incendies – il s’agit du quatrième depuis cet été – devient indécente « Le pire, c’est que ça peut recommence­r dans  minutes »

- Textes : Olivier BOUISSON, Florian DALMASSO Photos : Laurent MARTINAT, Frank MULLER et Luc BOUTRIA

Hier, au petit matin, Bormes-les-Mimosas tremblait encore. Il faut dire que vendredi soir la commune a basculé, une fois encore, dans la peur. D’ores et déjà dévasté par les incendies de l’été, au cours desquels plus de 2000 hectares de végétation sont partis en fumée, le petit village n’en a, a priori, pas terminé avec le feu.

Huit hectares parcourus

En effet, ce vendredi, aux alentours de 21 h 20, et sous un fort mistral, un départ de feu est signalé, chemin de Maudroume. Dès 21 h 24, la caserne de Bormes-Le Lavandou reçoit le premier appel. Immédiatem­ent, un impression­nant dispositif est mis en place. En tout juste une heure, une centaine d’hommes est sur place grâce aux renforts des casernes varoises les plus proches. Les pompiers viennent de La Londe, Hyères, Toulon, Cuers, Pierrefeu, Garéoult, Brignoles, Le Luc, Vidauban, Bagnols-en-Forêt, du Rayol-Canadel ou encore de Cogolin. Tous sont venus prêter main-forte à leurs collègues déjà engagés. La municipali­té, désormais malheureus­ement rodée à l’exercice, active le plan communal de sauvegarde. Le complexe Bormisport est ouvert afin d’accueillir les personnes évacuées d’une trentaine d’habitation­s en danger. Les riverains des quartiers de Maudroume, des Hélianthes et du secteur nord du chemin du train des Pignes sont mis en sécurité. Les sapeurs-pompiers, quant à Ardien Sicard arpente le sommet de la colline qui surplombe sa maison, située impasse des Grillons, entre Maudroume et le Mont des Roses. Ce jeune rugbyman du RC Les Plages revenait de l’entraîneme­nt quand il a vu les flammes menacer son habitation. Rapidement, il prévient sa mère Mireille et son beau-père Philippe, époux Almoric, qui étaient à l’intérieur de la maison et se rend sur place.

Rugbyman le jour, arroseur la nuit

« J’ai appelé mes potes du rugby pour qu’ils viennent m’aider à arroser la maison. J’avais aidé un collègue de la Verrerie à en faire de même lors de l’incendie de juillet, alors ils n’ont pas tardé. » Les sept jeunes ainsi rassemblés ont formé un pack solidaire pour faciliter l’accès de deux camions de pompiers sur le haut de la colline avant de les aider à tirer les tuyaux. «Je voyais les flammes toutes proches de la maison... Tu ne sais pas trop s’il faut rester ou partir mais finalement on eux, montent un poste de commandeme­nt, à proximité. Plus précisémen­t sur le parking dédié au covoiturag­e, du côté du rondpoint de La Verrerie.

Baisse du vent salutaire

Pendant plusieurs heures, la centaine d’hommes va lutter face aux flammes. Le lieutenant Grandvau, en charge des opérations, s’explique : « Le feu s’est engouffré dans la colline sous un fort mistral. Heureuseme­nt pour tout le monde, le vent est tombé lorsque nous avons vraiment attaqué l’incendie. Nous avons pu protéger les habitants comme les habitation­s. À la vue des circonstan­ces, on ne s’en sort pas trop mal. » Avant d’être circonscri­t, aux alentours de 2 heures du matin, puis fixé dans la foulée, le feu a parcouru huit hectares de végétation. Jusqu’au sommet de la crête. Une chose est certaine, quelques heures après ce nouvel incendie, les Borméens, que ce soit dans le village ou sur les réseaux sociaux, ne décolèrent pas. Trop, c’est trop. est restés et ça s’est bien passé », explique Adrien. « On avait l’impression d’avoir le feu dans la maison, sourcille Philippe. Heureuseme­nt, les pompiers ont été super-efficaces et sympas en plus. » Le vent faiblissan­t a toutefois bien aidé les soldats du feu à contenir le sinistre sur le haut de la crête. Mais pas seulement. «On a été épargné grâce au débroussai­llement sinon on brûlait », affirme sa maman. Depuis leur maison, la famille peut voir les stigmates des trois feux qui ont sévi cet été. À leur droite, 2 hectares de colline partis en fumée en juin, à leur gauche la grande balafre de l’incendie de juillet et depuis hier, un bout de colline roussie au-dessus d’eux.

« On se sent impuissant »

« L’incendie de juillet était accidentel. C’est la lame d’une machine à débroussai­ller qui a mis le feu. Il a été rapidement éteint grâce à l’appui de trois Canadair, mais les deux autres sont sans doute criminels », estime Philippe. « On est désolés de voir notre si belle colline massacrée gratuiteme­nt. Le pire, c’est que ça peut recommence­r dans cinq minutes. On se sent impuissant... », souffle Mireille, dépitée. « On a eu notre dose... », soupire la famille.

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Dans la colline du chemin de la Maudroume, au lendemain de l’incendie, les sapeurs-pompiers de la caserne de Bormes-Le Lavandou étaient encore sur place pour procéder au noyage... et éviter les possibles reprises. Désormais, place à l’enquête.
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(Photo O. B.) Aidé de ses partenaire­s du RC Les Plages, Adrien Sicard a arrosé la maison de ses parents puis aidé les pompiers dans leur tâche.

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