Var-Matin (La Seyne / Sanary)

De la statue de Masséna à Nice

Notre Histoire

- ANDRÉ PEYREGNE

En  sont lancés les travaux de couverture du Paillon (photo de gauche) qui feront disparaîtr­e le Pont Neuf qui menait jusque-là à la place Masséna (photo de droite).

Lorsqu’en  fut lancé le projet de statue de Masséna sur la place portant son nom, cette place n’avait pas la même allure qu’aujourd’hui. Elle était, à l’époque, traversée par le fleuve du Paillon au dessus duquel se trouvait le PontNeuf, qui la reliait à une autre place, en forme de demi-cercle, la place Charles-Albert, située, elle, de l’autre côté du Paillon sur la rive gauche. Le premier projet de création

Il se trouve que la couverture du fleuve du Paillon, au dessus de laquelle a été aménagée la place Masséna (voir encadré) vient d’être achevée en amont. Voilà le lieu idéal pour installer la statue du maréchal, estime le conseil municipal ! On sera là, à proximité de la maison de naissance de Masséna au numéro 21 du quai Saint-Jean Baptiste – maison qui fut détruite en 1909 lors de l’agrandisse­ment du lycée Masséna.

Inaugurati­on avec retraite aux flambeaux

Un an plus tard, l’inaugurati­on a lieu. Cela ne se passe pas n’importe quel jour : le 15 août 1869 – jour anniversai­re des cent ans de la naissance de Napoléon Ier. La fête est grandiose. Toute la ville est pavoisée. La veille a eu lieu, le long du Paillon, une retraite aux flambeaux. Des illuminati­ons sont prévues toute la nuit. Des réjouissan­ces ont lieu dans tous les quartiers. On a même organisé une… course de vélo sur la Promenade des Anglais. Une amnistie est décrétée par Napoléon III pour les prisonnier­s politiques opposés au rattacheme­nt de Nice à la France. La presse nationale relate l’événement. À 17 heures, une foule innombrabl­e s’était massée autour de la statue. La cérémonie se déroule en présence du général Reille, aide de camp de Napoléon, de Victor Masséna, duc de Rivoli, petit fils

de la place Masséna fut lancé par le « Consiglio d’Ornato » le « Conseil d’embellisse­ment » de la ville de Nice, en  . A cette époque, la ville était encore concentrée dans le périmètre de ce qu’on appelle aujourd’hui le « Vieux Nice » sur la rive gauche du Paillon. C’est en  que commencère­nt les travaux de couverture du Paillon, permettant de donner à la place Masséna son aspect La statue de Masséna au début du XXe siècle, avec, sur le piédestal la Victoire aux seins nus faisant polémique.

d’André Masséna, du colonel Roux, son neveu, du préfet Denis Gavini, et de troupes de différents régiments. Deux cents choristes entonnent une cantate écrite par Manotte, chef de la musique municipale. Lorsque le moment fatidique est arrivé et que le voile glisse le long du monument, la foule découvre la silhouette de bronze du maréchal dressée dans le ciel de Nice. On a l’impression que toute la ville éclate en applaudiss­ements. Plus tard, l’écrivain Stephen Liégeard, à qui notre région doit son nom de Côte d’Azur, décrira ainsi la statue : « Le mousse devenu prince, en habit de combat, tête nue et botté, le pied sur un canon, la main étreignant la poignée de son sabre, semble humer l’air

actuel, et de créer en amont le square sur lequel fut installée la statue du maréchal. Entre les deux fut construit en  le célèbre Casino Municipal, qui demeura pendant un siècle l’un des bâtiments emblématiq­ues de Nice. Il fut démoli en  pour laisser la place à l’espace aquatique que l’on connaît aujourd’hui ainsi qu’à la « Coulée verte » au centre de laquelle trône la statue de Masséna.

comme pour y chercher l’odeur de la poudre ». D’odeur de poudre il n’y eut, en ce soir du 15 août 1869, que celle du feu d’artifice évoqué par le Journal de Nice : « Des tableaux montrant des grandes cascades, mappemonde­s avec des grands bruits de guerre, obélisques, gloires avec papillons, rameuses imitant les moissons, volcans et fusées d’honneur ». Le bruit de la fête est retombé depuis un siècle et demi. Aujourd’hui, le maréchal Masséna continue à humer l’air de Nice. Les enfants courent autour de lui dans le jardin public que l’on nomme couramment « Coulée verte », indifféren­ts aux souvenirs historique­s que sa statue exalte.

André Masséna est né à Nice en , à une époque où la ville appartenai­t au Royaume de PiémontSar­daigne. Il est le fils d’un riche commerçant. Très tôt orphelin, il passe son enfance à Levens, dans les familles Siga et Serret. Il s’engage comme mousse sur un navire marchand dans le port de Nice. Son oncle le poussera ensuite vers la carrière militaire à Toulon. André Masséna (cicontre) s’engage à Toulon, en , à l’âge de  ans, dans le « Régiment maritime royal italien » (régiment de l’armée française composé à l’origine de soldats recrutés dans le Piémont). Il y restera jusqu’en . À  ans, il devient adjudant - plus haut grade de l’armée française accessible par un roturier. Il quittera ce régiment en août , au début de la Révolution. André Masséna s’installe à Antibes. Il s’y marie avec Anne Marie Rosalie Lamare, fille d’un chirurgien antibois, avec laquelle il aura quatre enfants, dont Victoire, laquelle se mariera avec le maréchal napoléonie­n natif d’Antibes, Honoré-Charles Reille. Pendant deux ans, Masséna s’adonne à des activités de… contreband­e puis s’engage en  dans la Garde Nationale pour participer à une première campagne de l’armée française dans le Piémont. Promu général en , il s’engage aux côtés de Bonaparte. Lors de la première campagne de celui-ci en Italie, il s’illustre à Rivoli. Bonaparte le désigne alors comme l’« enfant chéri de la victoire ». C’est lors de la deuxième campagne d’Italie qu’il sera nommé maréchal d’Empire. Il devient duc de Rivoli en . À la suite de son action en Italie et en Autriche, il est nommé prince d’Essling. Son échec au Portugal face à Wellington en  lui vaudra la disgrâce de Napoléon. Rallié aux Bourbons après la Restaurati­on, André Masséna est mort de tuberculos­e le  avril . Il est enterré au Père-Lachaise. Son petit-fils ( ci-contre), Victor Masséna (-) , qui porte les titres de duc de Rivoli et prince d’Essling, a été député des Alpes-Maritimes sous le Second Empire. C’est lui qui a fait construire la célèbre « Villa Masséna » sur la Promenade des Anglais, à Nice, connue aujourd’hui comme « Musée Masséna ».

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