Assises de Draguignan : troisième procès pour un meurtre vieux de 16 ans
La cour d’assises du Var jugera cette semaine deux affaires criminelles au palais de justice de Draguignan. Deux jours seront consacrés à des coups mortels portés dans l’escalier d’un immeuble du cours Lafayette à Toulon. La cour devra aussi conclure en appel un dossier de meurtre à Marseille, déjà ancien, et qui a subi de multiples contretemps.
Toulon : ivres dans l’escalier
L’abus d’alcool a une part de responsabilité dans les faits qui seront reprochés, lundi et mardi, à Chokri Bedhiaf, un Tunisien de 40 ans demeurant à Toulon. C’est du palier de son appartement d’un immeuble ancien du cours Lafayette qu’un coreligionnaire est tombé le 29 novembre 2015, faisant une chute mortelle de deux étages dans la cage d’escalier. Cet après-midi-là, Chokri Bedhiaf avait reçu quatre amis à son domicile. Ils avaient beaucoup bu. Pour un motif dont le souvenir s’est évaporé dans les vapeurs d’alcool, une dispute a éclaté entre l’hôte et Lotfi M’Hemdi. Une empoignade a eu lieu sur le palier, au cours de laquelle Chokri Bedhiaf a repoussé Lotfi M’Hemdi. Celui-ci a perdu l’équilibre et a basculé par-dessus le garde-corps, pour s’écraser sept mètres en contrebas. Mis en accusation pour des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, Chokri Bedhiaf sera défendu par Me Carine Lextrait, Me Anne-Claude Dunan représentant les intérêts des proches de la victime.
Un troisième procès seize ans après les faits
À partir de mercredi, une procédure bien compliquée, et surtout très longue, amènera les jurés varois à examiner, en troisième lecture, des faits qui remontent au 23 novembre 2001. Sébastien Peduzzi avait alors 20 ans. Selon l’accusation, il aurait tué une bijoutière de la rue Paradis à Marseille, au cours d’un vol à main armée, ce qu’il a toujours contesté. Menant une vie marginale, Sébastien Peduzzi avait été mis en cause huit mois après les faits par un homme de sa connaissance. Il avait soutenu qu’au moment du crime il se trouvait avec sa petite amie, qui ne l’a pas confirmé. Acquitté par les assises des Bouches-du-Rhône en septembre 2005, il avait été condamné à vingt ans de réclusion en octobre 2010 par la cour d’assises des Alpes-Maritimes. Après l’échec d’un pourvoi en cassation, ses avocats avaient saisi en mars 2012 la cour européenne des droits de l’Homme, qui en mars 2015 a jugé qu’il n’avait pas eu droit à un procès équitable à Nice. En juin 2016, la cour de cassation avait ordonné un réexamen de l’affaire par la cour d’assises du Var. Le 5 avril dernier, à l’ouverture de ce troisième procès à Draguignan, deux témoins incontournables et l’expert psychiatre étaient absents. Il avait fallu renvoyer cette affaire à la première date utile : mercredi 11 octobre. Maintenant âgé de 36 ans, Sébastien Peduzzi, au psychisme perturbé, a déjà subi neuf ans de détention provisoire dans cette procédure. Il sera défendu par Me Isabelle Colombani, Me Bass représentant les parties civiles.