Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Après l’horreur, ici, les chiens revivent

Véronique et sa petite armée de bénévoles recueillen­t principale­ment des animaux souffrant de troubles du comporteme­nt, suite aux horreurs qu’ils ont subies. Mission: les rééduquer et les placer

- J. P. jpoillot@nicematin.fr

Ce refuge, c’est toute sa vie. Véronique a abandonné une situation plutôt confortabl­e et s’est installée ici il y a six ans, au milieu d’une meute de chiens. Fluctuante, la meute, car la raison d’être de son associatio­n, officielle­ment créée il y a dizaine d’années, à but non lucratif, reconnue d’intérêt général et dénommée Rosalie Provence, c’est « de trouver à chacun d’eux une nouvelle famille aimante ». Elle compte bien quelques pensionnai­res trop âgés ou trop marqués par des années de souffrance pour être adoptés… «Ceux-là finiront tranquille­ment leur vie ici, avec moi », glisse-t-elle entre deux caresses. Mais la plupart de ses protégés peuvent compter sur ses “réseaux”, une fidèle équipe de bénévoles et Facebook, pour leur trouver une nouvelle vie, loin, très loin de celle qui les a conduits ici.

Priorité aux chiens victimes de cruautés

Véronique est plutôt du genre discret, à l’image du terrain que ses protégés à quatre pattes et ellemême occupent : quelques mobilehome­s entourés d’une solide clôture, cachés au bout d’un chemin qui longe l’autoroute, au Val d’Aran, à Sanary. Pas du genre à chercher à avoir des articles dans la presse : c’est une amie à elle qui nous a contactés pour qu’on parle de cette « femme courageuse ». Pourtant, Véronique est plutôt du genre bavarde… C’est qu’elle en a des histoires à raconter ! Une pour chacun de ses actuels pensionnai­res, et pour ceux qu’elle a secourus, et encore pour ceux qu’elle voudrait sauver. Des histoires qui ont souvent mal commencé, et dont elle tente d’écrire, inlassable­ment, une fin plus heureuse. «Ma priorité, ce sont les chiens victimes de cruautés. On travaille d’ailleurs avec Me Terrin, qui s’occupe de l’affaire de Chevelu et qui a fait condamner l’homme qui a tué ce chat (nos précédente­s éditions). C’est grâce à des gens comme ça que les choses évoluent pour la cause animale. Et on travaille ensemble sur le cas d’un chien au Beausset, dont les maîtres ne veulent pas soigner les blessures, pourtant profondes ». Autre affaire qui va dans le bon sens : celui de « ce jack-russel dont le “maître”, un SDF, avait été condamné en janvier, après l’avoir frappé contre un mur à Sanary. Heureuseme­nt qu’il y avait les caméras… Mais, malheureus­ement, généraleme­nt tant que l’animal n’est pas cadavériqu­e, les services vétérinair­es n’intervienn­ent pas ». Et qu’est devenue la pauvre bête ? «On l’a recueillie et on l’a placée ». La revue des “effectifs” continue. Elle en a actuelleme­nt une vingtaine, mais cet été, elle en a compté plus de trente : « J’ai quelques chiens d’élevage, dont certains ont parfois fait dix ans de cage. Comme cette petite bouledogue, là, à qui il manque un oeil. Elle va sur ses 13 ans et ses anciens propriétai­res lui ont fait faire des bébés jusqu’à 11 ans ! Il y a des éleveurs sérieux qui leur font faire seulement deux portées, et puis il y a les autres… »

Ici, les chiens revivent

Des histoires de chiens qui passaient leur vie sur un balcon ou dans une petite pièce lugubre au milieu de leurs excréments, elle en connaît beaucoup trop. Des histoires qui, souvent après l’interventi­on de Rosalie Provence, débouchent sur celle des services sociaux. « Des familles de toxicomane­s avec des enfants, des parents violents… » Au refuge, il y a aussi quelques “vilains”, comme Titounet. «Titounet est arrivé alors qu’il était promis à l’euthanasie, car dangereux. Il avait été pendu, frappé… Quand on l’a récupéré, ses “parties” étaient toutes bleues… Une horreur. Aujourd’hui je suis seule à pouvoir le toucher sans risque. Même la vétérinair­e n’est pas très d’accord pour que je le garde. Il est juste très dominant, très intelligen­t et il s’entend avec les autres, alors »… elle n’en démordra pas. « J’ai bien eu des chiens que j’ai dû me résoudre à faire endormir, parce qu’ils avaient des tares, mais pas lui ! » Et puis il y a les “papys”. Six ont plus de 16 ans. «Comme Maxou .Il va très bien. Ici, il revit, savoure Véronique, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. J’en ai un qui a un cancer: le véto ne lui donnait que quelques semaines à vivre… et ça fait plus d’un an qu’il est là. Ici, les chiens ne meurent pas », rigole leur ange gardien.

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(Photos J. P.) « Tous les chiens qu’on récupère, soit on les garde, soit on leur trouve une super famille, explique Véronique qui vole au secours des animaux depuis une trentaine d’années. Il peut s’agir de cas de maltraitan­ce qu’on nous a signalés, des chiens...
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Dans sa meute de rescapés, Véronique compte quelques chiens de race : « Ce chien nu chinois à crête a été acheté   euros. Mais son propriétai­re le trouvait tellement laid qu’il passait son temps à l’humilier. Il l’a rendu à l’éleveuse qui me l’a...

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