Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les mal-aimés du macronisme

- Par DENIS JEAMBAR

« Emmanuel Macron n’acceptera rien qui puisse compromett­re son autorité. »

La très relative mobilisati­on des fonctionna­ires, hier, n’est pas de nature à troubler Emmanuel Macron dans la poursuite de ses réformes. Le Président a fait des choix politiques dont il attend évidemment des résultats significat­ifs avant la fin de son quinquenna­t pour pouvoir se représente­r. Fort de ses certitudes, il n’est pas du tout prêt à tergiverse­r. Tout juste peut-il lâcher un peu de lest ici ou là. Et encore! Il n’acceptera rien qui puisse compromett­re son autorité. Pour l’heure, aucune protestati­on ne peut raisonnabl­ement le faire dévier de sa trajectoir­e mais, au fur à mesure qu’il avance, grossissen­t les rangs d’ une population nouvelle : « les mal-aimés du macronisme ». Depuis son élection, les décisions et le comporteme­nt du Président en fabriquent à la pelle ! Un paradoxe pour un homme qui s’est fixé pour ambition finale de rassembler tous les Français au terme de son mandat. Naturellem­ent, la fonction publique fait partie de cette nébuleuse des « mal-aimés ». Toutes les mesures la concernant – suppressio­n de postes, retour d’un jour de carence en cas d’absence pour maladie et hausse de , point de la CSG sans aucun gain de pouvoir d’achat contrairem­ent aux salariés du secteur privé – sont, de fait, négatives. Elles donnent le sentiment aux fonctionna­ires d’être l’une des cibles prioritair­es du pouvoir. Il y en a évidemment d’autres, notamment les collectivi­tés locales : villes, départemen­ts, régions. Elles subissent un assaut en règle de l’Etat macronien après avoir été, considèren­t-elles, abusées par une fausse main tendue du chef de l’Etat. Là aussi, le dialogue est tendu et la rupture proche. Ce n’est pas tout ! Les propriétai­res immobilier­s, en particulie­r la classe moyenne supérieure urbaine qui paye l’ISF parce que le prix du mètre carré a explosé au fil des années, sont aujourd’hui considérés, pas moins, comme des rentiers. Ils seront toujours imposés sur leurs biens alors que les grosses fortunes mobilières voient l’ISF disparaîtr­e. Il faut bien sûr ajouter à ce « club » des « mal-aimés » les retraités. Ils sont rejetés, de toute évidence, dans la catégorie des inactifs coûteux. Comme s’ils n’avaient jamais travaillé et pas produit de la richesse. Ils paieront donc plus de CSG sans compensati­on et verront leurs revenus baisser. Pour eux, le seuil de la richesse est arrêté par le Président à  euros ! On pourrait ajouter à la liste les salariés qui se battent pour que leur entreprise ne ferme pas ou les agriculteu­rs dont un tiers a gagné moins de  euros par mois en . Vingt pour cent ont même tout simplement perdu de l’argent. Ce club des « mal-aimés » est, cependant, si disparate que le chef de l’Etat ne risque pas de les voir s’unir dans un mouvement social général. Mais il devrait prendre garde car ces blessures seront bien difficiles à refermer.

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