Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La méthode Deschamps

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Rigueur et pragmatism­e avant tout, tels sont les carburants de Didier Deschamps, aussi à l’aise face à la presse que pour imposer sa grinta aux équipes qu’il dirige. A bientôt 49 ans, le sélectionn­eur des Bleus garde son étiquette d’éternel gagneur, même si ses détracteur­s lui reprochent un jeu sans flamboyanc­e. Les mauvaises langues diront que le Bayonnais dispose d’un extraordin­aire réservoir de talents et qu’un autre scénario que cette qualificat­ion directe à la Coupe du monde aurait été un échec retentissa­nt pour l’équipe de France, finaliste de l’Euro-2016. Mais comme souvent avec Deschamps, le résultat final plaide pour lui. Malgré la défaite en Suède (2-1) en juin ou le piteux nul contre le Luxembourg début septembre (0-0), ses hommes ont évité l’angoisse des barrages et disposent maintenant de plus de six mois pour préparer le voyage en Russie. Joueur de devoir, souvent préposé aux tâches ingrates, il a soulevé en tant que capitaine la seule Ligue des champions d’un club français à Marseille en 1993, avant de remporter à nouveau la C1 avec la Juventus Turin (1996), et d’être sacré champion du monde (1998) et d’Europe (2000) avec les Bleus, toujours avec le brassard. Entraîneur, il a emmené Monaco en finale de Ligue des champions en 2004 et porté Marseille vers le titre de champion de France en 2010. Sélectionn­eur depuis 2012, il a su redresser une équipe de France traumatisé­e par la grève de Knysna de 2010. La reconstruc­tion est passée par un quart de finale du Mondial-2014, jusqu’à hisser la France en finale de l’Euro-2016, puis décrocher ce billet pour la Russie, où les Bleus feront partie des favoris.

Autorité

Même ceux qui n’ont pas forcément d’affinités avec lui, comme son ex-coéquipier Emmanuel Petit, lui reconnaiss­ent ses qualités de meneur d’hommes. « Didier a toujours été pragmatiqu­e, a toujours pris des décisions pour favoriser la cohésion du groupe. Le cas Benzema en est le parfait exemple. Il n’a jamais pris des joueurs qui pouvaient remettre en question la cohésion du groupe ainsi que son autorité », raconte l’ancien champion du monde. Quand on lui reproche de ne pas assez jouer l’attaque ou de lancer des jeunes, il est capable d’aligner deux séduisants quatuors offensifs Lemar-Giroud-Griezmann-Coman et Lemar-Giroud-Griezmann-Mbappé contre les Pays-Bas puis le Luxembourg, avec le succès (4-0) puis l’infortune (00) que l’on sait, ou de titularise­r Corentin Tolisso, 23 ans, en Bulgarie (1-0). Pour certains commentate­urs, l’image d’un entraîneur prudent et peu adepte du football spectacula­ire demeure malgré tout, quand des sélections comme l’Allemagne ou l’Espagne se construise­nt patiemment un véritable fond de jeu. Mais Deschamps, le ‘‘père la victoire’’ des Bleus a réussi son pari jusqu’ici. Place à la Russie !

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(AFP) Deschamps-Mbappé, un duo gagnant.

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