SAINT-TROPEZ Marianne Denicourt fustige Weinstein
Jurée de charme du Festival du cinéma des antipodes la comédienne qui va intégrer la série de Canal +, Guyane, réagit à St-Tropez à «l’infecte» affaire Weinstein et dénonce un monde machiste
Curieuse de tout, Marianne Denicourt intègre avec bonheur, pour la semaine, le jury du Festival du cinéma des Antipodes à Saint-Tropez. Approchée hier dans la quiétude de l’Hôtel de Paris, elle aborde ses projets mais aussi un fait d’actualité qui taraude le monde du cinéma cette semaine. Les révélations autour des abus sexuels qui auraient été perpétrés sur des actrices et des assistantes, depuis au moins deux décennies, par le faiseur de roi d’Hollywood, le producteur Harvey Weinstein. Par ailleurs grand habitué des plages huppées de Pampelonne. Et cet été encore parmi les invités les plus en vue du grand gala caritatif de Leonardo DiCaprio à Gassin...
Il se dit que vous serez bientôt au générique de la série Guyane. Véridique ?
Oui, je rejoins le casting de la saison d’ici à la fin de l’année. Comme je ne suis pas vraiment encore dedans, je suis incapable d’en parler... Si ce n’est que le sujet – l’orpaillage illégal – m’intéresse. Canal + portant ce qui se fait de mieux à la télé française, je suis persuadée que le projet sera une fois encore de grande qualité. Une sacrée aventure où je retrouverai l’acteur Olivier Rabourdin que j’ai déjà côtoyé sur des mises en scène théâtrales de Patrice Chéreau.
Vous venez d’être bombardée Chevalier des Arts et des Lettres. Mieux que votre César ?
Ça n’a rien à voir, même si je reconnais que c’est aussi une forme de reconnaissance. Donc cela fait plaisir. Mais pour tout vous dire je ne me suis pas du tout occupée d’organiser la cérémonie officielle de remise de la décoration (rire).
Avez-vous de nouvelles lectures publiques en prévision ?
En ce moment je fais quelques dates avec Continuer de Laurent Mauvignier. Mais sans mise en scène. Je reste sur le texte. Rien que le texte.
Après vos documentaires afghans, d’autres faits d’actualité vous donnent envie de repartir ?
Beaucoup de choses me préoccupent mais pour l’instant ce n’est pas la priorité. Je m’en tiens donc aux commentaires pour les documentaires des autres.
Tout de même, comment réagissez-vous aux révélations autour de l’affaire Weinstein ? Je trouve tout cela infect et atroce... Elle met en lumière les rapports d’abus de pouvoir sur différents plans. Sexuels, psychologiques... Mais ça n’arrive pas que dans le milieu du cinéma...
Vous ne découvrez pas la situation...
Non bien entendu, on sait que ça se passe... On connaît les «méchants»... Ce qui me choque aussi, ce sont les témoins. Ceux qui savent et qui laissent faire.
La faute à qui ou à quoi ?
Nous vivons dans un monde machiste. Les femmes ont tort ou on ne les écoute pas. ça me fait mal. C’est important que ces affaires sortent et scandalisent. Les gens de pouvoir ont toutes les protections... Enfin la roue tourne... Peut-être l’époque change-t-elle... Mais il faut des détonateurs pour faire évoluer les choses.
Le détonateur en question n’est pas un inconnu...
Oui. Ce qui m’intéresse aussi c’est : qui a dénoncé ! En l’occurrence Ronan Farrow, le fils de Mia Farrow et de Woody Allen. Un jeune homme pugnace et courageux qui a mené une enquête de plusieurs mois et avait déjà dénoncé les soupçons d’attouchements d’Allen sur sa fille adoptive alors âgée de sept ans...
Vous qui avez signé Mauvais Génie, cela vous inspire-t-il un nouveau livre ?
Non, mais il y en a assez d’accepter l’inacceptable ! De ces gens qui peuvent faire et défaire des carrières en profitant de leur position dominante. Pour une fois c’est le plus fort qui est attaqué. Nous verrons bien ce qui en ressortira car j’en suis persuadée, plein d’autres personnes sont concernées.