Rébellion contre des policiers punie
Les soubresauts du quartier de La Beaucaire à Toulon sont arrivés en salle d’audience. Sous la forme de heurts et d’altercations essuyés par les policiers et dont la recrudescence inquiète (nos éditions précédentes). Ils sont d’ailleurs sept fonctionnaires de police reconnus partie civile à ce procès de comparution immédiate. Cet après-midi-là (), le tribunal correctionnel de Toulon juge Yassin T., pour provocation directe à la rébellion et, en récidive, outrage et tentative d’évasion par violence. Il a ans et répond crânement.
Médiateur ou provocateur ?
D’abord, le jeune homme peine à se contenir, tellement il veut s’expliquer : il est « le médiateur » – un peu l’inverse de ce qu’on lui reproche. « Venez les gars, descendez, ils ne sont que deux, on va les éclater », retranscrit le tribunal pour tenter de lui rafraîchir la mémoire. En vain. « Le noeud, c’est l’incompréhension totale entre vous et les policiers », résume le juge pincesans-rire. « Je ne dis pas qu’ils mentent, ils confondent ! », se désole Yassin T., qui plonge son visage dans ses mains pour montrer sa contrition. « Je m’excuse ».« Non, ne vous excusez pas, insiste le tribunal, pas pour quelque chose que vous n’avez pas fait. » « Désolé de prendre de votre temps », renchérit-il. « On est payé pour ça ». Et enfin, « ma copine est enceinte de deux mois. Pas un enfant parloir, s’il vous plaît ! » Cela fait beaucoup en effet. Les outrages, ce sont les insultes proférées depuis le hall d’une tour. « On faisait une “chicha”. J’ai ouvert la porte, car il y avait trop de fumée dans le hall – c’est pour les gens. » Le policier serait venu « le secouer » sans raison. Enfin, placé en garde à vue, il a tenté de s’enfuir, en blessant trois policiers (trois à quatre jours d’ITT). « Vous êtes un médiateur, vous n’avez rien à vous reprocher », s’exclame le juge. Il aurait eu« une angoiss e ».
« L’outrage a changé de nature »
L’avocate des parties civiles fait valoir « l’atteinte à l’honneur et à la dignité des policiers ». Le ministère public dit « assister à un point où l’outrage a changé de nature, avec des gens qui ont déclaré des zones de non-droit ». Ahmed Chafai se veut « intransigeant », car, « disons-le, la vie d’un policier, pour lui ça ne compte pas. C’est un chien ». Trois ans fermes sont requis. La défense se montre d’accord pour qualifier « des faits insupportables », mais se demande si la détention est « adaptée ».« Les cités se reconstituent dans la prison, analyse Me Michel Mas. On en ressort plus bête qu’on y est entré. » Il plaide pour une interdiction de se présenter à La Beaucaire, pour une obligation de travailler et de rembourser les victimes. Bref, un sursis de mise à l’épreuve corsé. Le tribunal annonce deux ans dont un ferme avec incarcération, en plus des obligations. Yassin marmonne un commentaire sur sa peine. « Je calcule ma sortie », justifie-t-il. « Arrogant et mal élevé », grimace le juge.