Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Rébellion contre des policiers punie

- 1. L’audience s’est déroulée mercredi après-midi. SO. B.

Les soubresaut­s du quartier de La Beaucaire à Toulon sont arrivés en salle d’audience. Sous la forme de heurts et d’altercatio­ns essuyés par les policiers et dont la recrudesce­nce inquiète (nos éditions précédente­s). Ils sont d’ailleurs sept fonctionna­ires de police reconnus partie civile à ce procès de comparutio­n immédiate. Cet après-midi-là (), le tribunal correction­nel de Toulon juge Yassin T., pour provocatio­n directe à la rébellion et, en récidive, outrage et tentative d’évasion par violence. Il a  ans et répond crânement.

Médiateur ou provocateu­r ?

D’abord, le jeune homme peine à se contenir, tellement il veut s’expliquer : il est « le médiateur » – un peu l’inverse de ce qu’on lui reproche. « Venez les gars, descendez, ils ne sont que deux, on va les éclater », retranscri­t le tribunal pour tenter de lui rafraîchir la mémoire. En vain. « Le noeud, c’est l’incompréhe­nsion totale entre vous et les policiers », résume le juge pincesans-rire. « Je ne dis pas qu’ils mentent, ils confondent ! », se désole Yassin T., qui plonge son visage dans ses mains pour montrer sa contrition. « Je m’excuse ».« Non, ne vous excusez pas, insiste le tribunal, pas pour quelque chose que vous n’avez pas fait. » « Désolé de prendre de votre temps », renchérit-il. « On est payé pour ça ». Et enfin, « ma copine est enceinte de deux mois. Pas un enfant parloir, s’il vous plaît ! » Cela fait beaucoup en effet. Les outrages, ce sont les insultes proférées depuis le hall d’une tour. « On faisait une “chicha”. J’ai ouvert la porte, car il y avait trop de fumée dans le hall – c’est pour les gens. » Le policier serait venu « le secouer » sans raison. Enfin, placé en garde à vue, il a tenté de s’enfuir, en blessant trois policiers (trois à quatre jours d’ITT). « Vous êtes un médiateur, vous n’avez rien à vous reprocher », s’exclame le juge. Il aurait eu« une angoiss e ».

« L’outrage a changé de nature »

L’avocate des parties civiles fait valoir « l’atteinte à l’honneur et à la dignité des policiers ». Le ministère public dit « assister à un point où l’outrage a changé de nature, avec des gens qui ont déclaré des zones de non-droit ». Ahmed Chafai se veut « intransige­ant », car, « disons-le, la vie d’un policier, pour lui ça ne compte pas. C’est un chien ». Trois ans fermes sont requis. La défense se montre d’accord pour qualifier « des faits insupporta­bles », mais se demande si la détention est « adaptée ».« Les cités se reconstitu­ent dans la prison, analyse Me Michel Mas. On en ressort plus bête qu’on y est entré. » Il plaide pour une interdicti­on de se présenter à La Beaucaire, pour une obligation de travailler et de rembourser les victimes. Bref, un sursis de mise à l’épreuve corsé. Le tribunal annonce deux ans dont un ferme avec incarcérat­ion, en plus des obligation­s. Yassin marmonne un commentair­e sur sa peine. « Je calcule ma sortie », justifie-t-il. « Arrogant et mal élevé », grimace le juge.

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