Ils dénoncent des infractions sur le massif du Faron
Déboisement, constructions illégales… L’association Défense et protection du Faron dénonce des entorses au droit de l’environnement et pointe du doigt l’absence de PV dressés par l’Etat
Depuis son classement, il y a vingt-six ans, à l’inventaire des sites, le Faron est un site protégé. Tout comme le Baou, également cher aux Toulonnais et à la collectivité. Il l’est plus encore à l’association Défense et Protection du Faron, soutenue par un collectif de citoyens et d’associations(1). Elle lutte, depuis bientôt trente-quatre ans, contre les menaces qui pèsent sur ce patrimoine naturel. Se positionnant comme lanceur d’alerte, elle a engagé, ces dernières années, un combat citoyen pour «mettre un coup d’arrêt » aux agissements de propriétaires non respectueux de ce site classé.
« Comment en est-on arrivé là ? »
Dans le collimateur : huit infractions, signalées, depuis cinq ans, sur des parcelles privées voisines ou mitoyennes, en zone naturelle sensible du Plan local d’urbanisme, situées à l’est du Faron, majoritairement dans le secteur de La Bosquette et La Haute Bosquette. Les récentes infractions, signalées en mai, chemin de l’Uba, nord Faron, aux services municipaux, ont été la goutte d’eau qui fait déborder le vase. L’irrespect du site classé ne semble pas connaître de limites pour les propriétaires : déboisement, terrassement, remblaiement, construction de maisons, création de piste, maison en ruine construite puis démolie sous injonction et reconstruite, creusement d’une piscine… «Cela fragilise dangereusement la protection tant voulue par les Toulonnais, s’agace le président, Michel Bonjardini. En matière de défrichement et de bétonnage sauvage, c’est l’exploit de ces cinq dernières années ! » Pour l’association, cette série d’«infractions au titre du code de l’urbanisme, mais aussi à celui de l’environnement sonne le glas du classement du Faron .» À la colère se mêle l’incompréhension : «Comment se fait-il que nous soyons arrivés à une telle déviance? », interpelle Michel Bonjardini. La question interpelle car « le site classé relève de la loi de 1930, qui est ultra-protectrice.» « Comment mettre un coup d’arrêt à ces infractions et comment faire appliquer les lois de la République ? », ainterpellé le président lors d’une entrevue, en juin dernier, avec le préfet du Var. L’association a multiplié les signalements auprès de la Ville. « Nous avons toujours signalé chacune de ces infractions, dès le début des travaux sur les parcelles visées. Nous avons obtenu une inspection des lieux par les services des droits du sol de la mairie qui a dressé des PV au titre du code de l’urbanisme », explique Michel Bonjardini. Selon l’association, la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) dépendant de la préfecture, a aussi verbalisé au titre de l’urbanisme. Mais ces PV, aussi réactifs soient-ils, ne suffisent pas à « freiner les infractions». La faute à quoi ? « A une carence de PV dressés au titre du code de l’environnement par les services de l’Etat», répond Michel Bonjardini (lire par ailleurs).
Lenteur administrative
Ces lanceurs d’alerte sont déterminés. «Nous voulons faire appliquer au sens strict la loi et faire respecter le site classé. Rien ne nous arrêtera. Nous userons de tous les moyens légaux. Il faudra le temps qu’il faut ». Ils souhaitent collaborer avec les services de l’Etat pour que soient verbalisées les infractions au code de l’environnement. Ils ont, ainsi, demandé au préfet du Var« de soumettre, à la commission de police de l’environnement, à laquelle assiste le procureur de la République, les dossiers d’infractions assortis des PV au titre du code de l’environnement » Ils ne l’ignore pas : la lenteur administrative est préjudiciable au respect du site. 1. Avsane, UDVN 83, fédération des CIL de l’Est, les comités d’intérêts locaux de Siblas, des 3 quartiers, Les Excurtionnistes toulonnais, Super Toulon Var, Fort Rouge, Nord Est, Sainte-Musse ; la fédération La Mart et l’APE de Saint-Mandrier.