LE MONDE DE L’HÔTELLERIE AZURÉENNE : « NI DIRECTEMENT TÉMOIN... NI RÉELLEMENT SURPRIS »
Dans les couloirs feutrés des palaces cannois on se souvient de ce client ultra VIP qui ne manquait aucun festival du film. « Harvey Weinstein descendait parfois chez nous », confie le réceptionniste d’un des plus beaux hôtels de la Croisette. Il avoue avoir mené sa propre « enquête » en voyant le nom de ce producteur américain apparaître à la une de la presse à scandale : « Aucun de mes collègues n’a manifestement eu à se plaindre de son comportement », assure ce professionnel qui concède que « pour le reste, il est toujours difficile de savoir ce qui peut se passer dans le huis clos d’une chambre...» Le « reste » ne serait guère à l’avantage de celui que le monde du cinéma avait rebaptisé The Pig. « Cet homme était un porc », confirme une figure emblématique de l’hôtellerie azuréenne qui préfère taire son nom. « Le moins que l’on puisse dire de lui c’est qu’il manquait d’élégance. A commencer par la façon qu’il avait de se vêtir. Pour autant, assure-t-il lui aussi, jamais je n’ai été directement témoin d’un comportement déviant de sa part. Je me souviens simplement d’avoir fait la réflexion à une célèbre actrice française qui, un soir de festival, l’attendait au bar. Je lui avais demandé ce qu’une aussi jolie fille pouvait bien avoir à faire avec un homme comme çà. Elle m’avait simplement répondu que c’était un monsieur très influent...» À l’Eden Roc on se souvient encore du faste des soirées Miramax, la société de production que Harvey Weinstein a créée avec son frère avant de la revendre à la Disney Company. « Il privatisait alors tout l’hôtel », se souvient un ancien employé de cet Eden pour milliardaire, au Cap-d’Antibes, dont Weinstein était un client fidèle. « Tout comme Bill Cosby ou encore Hugh Hefner, le fondateur de Playboy, qui eux aussi ont eu à faire face au même genre d’accusations », souffle-t-il non sans en souligner « l’hypocrisie ». Car, fut un temps du moins, « ça marchait comme ça dans le cinéma... À la promotion canapé ». Du coup, les révélations sur Harvey Weinstein ne semblent guère étonner grand monde. Surtout pas ceux qui côtoyaient les coulisses du très sélect gala de l’AmfAR. Cette oeuvre de charité fondée par Elizabeth Taylor et présidée par Sharon Stone réalise, à l’occasion de chaque festival de Cannes, une vente aux enchères pour financer la recherche contre le Sida. La société Miramax en a été longtemps le sponsor. Et dans les années le « gros Harvey » ne manquait pas d’idées pour faire monter les enchères. «Une fois il a mis en vente un slow avec Karen Mulder qui s’est adjugé près de dollars, sauf que l’intéressée n’était pas au courant. Une autre fois, alors que l’un des lots était une robe de la princesse Diana, il s’est écrié : “Pour un million de dollars je vous propose en plus une séance d’essayage avec Elle McPherson”...» Mais à l’époque, personne n’avait osé s’offusquer de cet « humour » pour le moins graveleux.