Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«  millions de personnes continuent d’aller voir les spectacles traditionn­els »

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Conseil de l’associatio­n de défense des cirques de famille et du collectif des cirques officialis­é le  septembre, cet avocat au barreau de Versailles aborde derrière le nez rouge du spectacle, les réalités en coulisse.

Les petits cirques, sont-ils une espèce en voie de disparitio­n ?

La plupart sont tenus par des familles qui ont hérité de génération en génération, donc ils ne sont pas trop endettés mais de plus en plus vivent au jour le jour dans une situation précaire. Au bord de la faillite…

L’accès au domaine public est-il la cause principale ?

C’est une accumulati­on de problèmes. Celui-ci en est un. Heureuseme­nt, la loi vient de changer et ne soumet plus l’accès au domaine public à mise en concurrenc­e pour les implantati­ons de courtes durées. Comment vouliez-vous que ce principe soit applicable avec des tournées qui vont de ville en ville ?

À cela s’ajoutent les réticences croissante­s des maires ?

Les maires confondent les pouvoirs de police avec ceux d’un « shérif». Ils pensent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent sur le domaine public comme interdire les cirques avec animaux. Or si le cirque détient une autorisati­on préfectora­le, il ne leur appartient pas de prendre telle décision.

Alors pourquoi ne pas attaquer ces arrêtés ?

Ils sont effectivem­ent illégaux, mais tant qu’un jugement ne l’a pas établi, ils demeurent valables. Une recommanda­tion du préfet Lemaire (lire par ailleurs) préconise d’ailleurs d’attaquer systématiq­uement devant le tribunal administra­tif ces arrêtés.

La parade est de s’installer sur des domaines privés...

Oui mais là aussi le maire n’est pas totalement dépossédé de ses pouvoirs. Les cirques sont soumis au passage de la commission de sécurité, et il y a toujours moyen de causer des tracas s’il le veut…

Comment les cirques vivent-ils la pression des associatio­ns ?

Elle s’assimile à du harcèlemen­t. Ils sont aux prises avec des associatio­ns mais aussi le plus souvent des groupuscul­es qui les harcèlent. Mais les chiffres sont là,  millions de spectateur­s continuent à aller applaudir des cirques avec animaux !

Les chiffres s’en ressentent-ils tout de même ?

Oui, cette année il était plus compliqué de remplir les chapiteaux. Les effets de la crise conjugués à l’état d’urgence et la sécurité n’ont pas aidé.

Le cas André-Jospeh Bouglione qui a annoncé renoncer aux animaux a-t-il ébranlé la profession ?

Disons que sa façon de jeter l’opprobre sur le monde du cirque est mal passée. D’ailleurs depuis son coup d’éclat, tout le monde se demande ce qu’il est devenu.

Bouglione, Zavatta, Gruss… Les franchises et autres reventes de noms prestigieu­x n’ont-ils pas aussi nui au cirque ?

Il est vrai que certains ont vendu leur nom pour faire de l’argent avec parfois un effet boomerang puisque la qualité n’était pas au rendez-vous comme c’est le cas pour Zavatta... Mais les cirques Sébastien Zavatta ou Lydia Zavatta, par exemple, sont de vrais descendant­s d’Achille.

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