Var-Matin (La Seyne / Sanary)

un travail de Romains !

- ANDRÉ PEYREGNE

La longueur de l’aqueduc de Mons à Fréjus est de , km dans son trajet maximal, depuis la source de la Siagnole jusqu’à Fréjus. Son altitude de départ, à la source de la Siagnole, est de  m. Son altitude d’arrivée dans le château d’eau de Fréjus est de  mètres. La pente moyenne est de , %, atteignant jusqu’à  % à l’ouest de Callian et  à  % plus en aval du village. L’eau met environ  heures à parcourir la totalité de la distance, à une vitesse moyenne de , km/h. Le débit moyen est estimé à  l par seconde, soit un débit journalier d’environ  m. Les tunnels sont d’, m de haut, le diamètre du conduit d’eau est de  cm Pour construire les piliers, les Romains dressaient des coffrages remplis de «béton cyclopéen», composé de pierres, moellons et galets. Les échafaudag­es étaient dressés au fur et à mesure de la levée de la constructi­on. Pour construire les arches, ils édifiaient des coffres en bois et les remplissai­ent de béton.

Tantôt s’enfonçant sous le sol, tantôt reparaissa­nt à la lumière, il s’élance, le gigantesqu­e serpent de pierre, rampe, s’élève, contourne les monticules… Des piliers mesurant jusqu’à 54 pieds d’élévation l’y aidaient au besoin. Bien des anneaux du reptile subsistent encore, isolés parfois, parfois groupés en série… Les arcs Escoffier, de Bonhomme, le

Puits de l’Aqueduc, l’arc Jaumin comptent parmi les plus dignes d’être vus. Qui a bon pied et bon courage peut se lancer à leur découverte. Alors, par les routes forestière­s, le long des versants escarpés, dans l’inextricab­le fouillis des broussaill­es ou parmi les cailloux roulés des rivières, il faut avancer, non sans laisser des lambeaux de vêtements à plus d’un

buisson !... » Bien des vestiges admirés par Liégeard ne sont plus là. Dans la vallée du Reyran, beaucoup ont été balayés en 1959 par la rupture tragique du barrage de Malpasset. Mais le pont de Jaumin tient bon, avec son arche unique, décidé à braver les attaques du temps, à la limite de la commune des Adrets. Plus loin, l’autoroute croise aujourd’hui l’itinéraire de l’aqueduc.

Une succession de  arches

On rencontre le pont de l’Esquine à l’arrivée sur Fréjus, avec ses huit arches de 10 mètres de haut. On entre dans Fréjus. Ici, commence la partie la plus monumental­e de l’aqueduc. Voici, fièrement dressés en pleine nature, les arcs dits Escoffier ou Sénéquier. Ils se présentent en deux rangées parallèles – l’une remplaçant l’autre après que la première eut été défectueus­e. Voilà les six arches du vallon de la Moutte, puis les quatorze du Gargalon qui s’alignent sur une longueur de 134 mètres et une hauteur de 12 mètres. Au quartier Sainte-Brigitte,

les cinq arches Berenguier se dressent dans le quartier de la Pinède Romaine, avant que les célèbres piles de Sainte-Croix, dépourvues d’arches, ne dressent vers le ciel, la gloire de l’Empire romain. On imagine la joie des bâtisseurs lorsqu’ils arrivèrent à cette étape . Grâce à eux, l’eau s’apprêtait à entrer dans Fréjus comme une armée victorieus­e de retour du combat. Ici, ce ne serait pas un arc de triomphe qu’on édifierait sur son passage, mais une succession magnifique de quatre-vingt sept arches, dont certaines atteindrai­ent 16 mètres. Les Romains avaient achevé leur travail. L’eau était là. Elle était collectée dans un château d’eau appelé « Castellum divisorium », situé sur l’actuelle butte du Moulin à vent, rue du Bel-Air. De là, elle partait dans des canalisati­ons pour alimenter réservoirs, fontaines, bains publics et certaines villas privées. Les Romains avaient apprivoisé ce bien si précieux qui, siècle après siècle, se raréfie, et qu’ils appelaient « aqua ».

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(Photo DR) Une maquette de l’aqueduc, tel qu’il existait à l’époque.
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