Var-Matin (La Seyne / Sanary)

De l’argent pour les Départemen­ts

Le Premier ministre a annoncé aux présidents des Départemen­ts de France des expertises mais leur a apporté peu d’argent

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Le Premier ministre Édouard Philippe a clôturé, hier à Marseille, le 87e congrès des Départemen­ts de France, sans vraiment apporter de solutions aux problèmes que rencontren­t les départemen­ts touchés par le passage des migrants. C’est le cas notamment des Alpes-Maritimes (lire encadré ci-dessous). Sur ce thème, le Premier ministre a mené son interventi­on sur la question des mineurs étrangers non accompagné­s. Leur présence sur le territoire n’est plus seulement concentrée dans quelques points bien identifiés comme « l’Île-de-France, la frontière italienne, la Côte d’Opale ou la région lyonnaise » mais concerne désormais « un nombre croissant de départemen­ts, pour bientôt les concerner tous ».

Évaluer l’âge des mineurs étrangers isolés

Un phénomène qui grève fortement les dépenses des Départemen­ts, reconnaît Édouard Philippe, annonçant que l’État va assumer l’évaluation de l’âge et l’hébergemen­t d’urgence de ces jeunes migrants jusqu’à ce que leur âge soit confirmé. « Il va donc falloir mettre en place des dispositif­s d’accueil et un processus de prise en charge spécifique, adapter les dispositio­ns législativ­es, clarifier la question des coûts. Des groupes de travail se réunissent déjà. Je vous propose d’engager une mission d’expertise conjointe, composée de représenta­nts des corps d’inspection d’État et de cadres supérieurs des conseils départemen­taux », a-t-il poursuivi. Les conclusion­s devraient être connues d’ici la fin de l’année. Au final, le Premier ministre a annoncé 132 millions d’euros supplément­aires en 2018 pour l’accueil de ces mineurs étrangers non accompagné­s, dont le nombre est estimé à 25 000 d’ici la fin de l’année sur l’ensemble du territoire. Leur prise en charge représente un coût annuel d’un milliard d’euros pour les Départemen­ts.

Solidarité : bientôt un fonds d’urgence

Sur les Allocation­s individuel­les de solidarité (AIS), tel le RSA qui pèse lourd dans les finances départemen­tales, Édouard Philippe a proposé « un fonds d’urgence pour les départemen­ts confrontés à des impasses de financemen­t ». Il devrait être prévu dans la loi de finances rectificat­ive 2017. Mais il ne sera pas pérennisé, car un train de réformes devrait suivre, pour l’éviter. « À moyen terme, c’est le système de pilotage et de financemen­t de nos allocation­s individuel­les de solidarité qui doit être revisité », a-t-il annoncé. La mission doit être confiée à un groupe d’experts et d’élus. « Le but étant de concrétise­r des propositio­ns de réforme ambitieuse­s dans le cadre du projet de loi de finances pour 2019. » Quoi qu’il en soit, l’État n’a pas l’intention de donner sans contrepart­ie. Si la Dotation globale de fonctionne­ment ne baissera pas en 2018, il entend passer des contrats avec les collectivi­tés territoria­les – les Départemen­ts entre autres – afin de « maîtriser la hausse des dépenses publiques locales ». « Les dépenses sociales rigidifien­t fortement vos dépenses. Tout l’enjeu de ces contrats sera de tenir compte des spécifiés des collectivi­tés territoria­les. Mais il n’est pas question d’envisager de la même façon un départemen­t en forte croissance démographi­que et un départemen­t en forte baisse démographi­que. » Après un discours de plus d’une demi-heure, les idées ont émergé mais pas l’argent, qui reste un grand sujet de crispation entre l’État et les Départemen­ts.

 ?? (Photo AFP) ?? Pour Éric Ciotti et Marc Giraud, le Premier ministre n’a pas pris en compte toute la problémati­que de leurs départemen­ts respectifs, Alpes-Maritimes et Var.
(Photo AFP) Pour Éric Ciotti et Marc Giraud, le Premier ministre n’a pas pris en compte toute la problémati­que de leurs départemen­ts respectifs, Alpes-Maritimes et Var.

Newspapers in French

Newspapers from France