Var-Matin (La Seyne / Sanary)

VIH : objectif zéro contaminat­ion en 2030

Le 18e congrès de la Société française de lutte contre le Sida vient de s’achever à Nice. L’occasion de faire le point sur l’épidémie, particuliè­rement prégnante dans la région

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

L’objectif est clair : atteindre le score de zéro contaminat­ion par le virus du Sida à l’horizon 2030. Un voeu pieu que celui formulé par l’ONUSIDA, le programme commun des Nations unies sur le Sida? Pas pour le Dr Pascal Pugliese, praticien hospitalie­r et président du COREVIH PACA Est (Coordinati­on régionale de lutte contre le VIH). « C’est possible parce qu’il existe désormais des stratégies de prévention diversifié­es. Il faudra encore et encore délivrer ces messages, trouver de nouveaux moyens pour communique­r et expliquer aux population­s à risque comment se protéger, leur montrer qu’il existe des traitement­s préventifs comme la PrEP [prophylaxi­e pré-exposition, Ndlr]. Alors, oui, cela va demander du temps et de l’énergie mais nous, profession­nels de santé, associatif­s, pouvoirs publics, y croyons. » Le médecin travaille en liaison étroite avec l’ensemble des acteurs concernés par la problémati­que. Il a co-organisé cette semaine la 18e édition du congrès de la SFLS (Société française de lutte contre le Sida) à Nice. L’événement a rassemblé près de 700 participan­ts avec, au coeur des débats la thématique intitulée « vers un territoire sans Sida ». Le fait que cette manifestat­ion se soit déroulée à Nice sur ce sujet n’est pas un hasard. La ville fait partie de celles où la prévalence du Sida parmi les HSH (Hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes) est parmi les plus élevés de France. L’enquête Prevagay menée fin 2015 (dans cinq grandes villes de France) dont les résultats ont été publiés cet été a en effet mis en évidence que 17,1 % des HSH ayant participé à cette étude dans la baie des Anges sont séropositi­fs. A savoir que la moyenne nationale dans cette catégorie de patients s’élève à 14,3 % et que, pour comparaiso­n Paris affiche un taux de 16 % et Lille de 7,6 % (soit le plus bas). Une autre étude évalue à 350 le nombre d’HSH qui ignorent leur séropositi­vité sur notre territoire.

Traitement préventif

Nice la touristiqu­e serait-elle victime de son attractivi­té? C’est possible s’accordent à dire les spécialist­es. Pour autant, ils ne baissent pas les bras. L’an dernier, la ville, les médecins et les acteurs associatif­s se sont regroupés pour lancer la campagne « Objectif Sida zéro : Nice et les Alpes-Maritimes s’engagent ! ». Un projet ambitieux visant à stopper les contaminat­ions. Parmi les méthodes de prévention dont ils disposent, la PrEP. Elle s’adresse à des catégories de personnes à risque (notamment les HSH ou encore les travailleu­r(se)s du sex e). Ces dernières bénéficien­t d’un traitement préventif par antirétrov­iraux qui vont, en quelque sorte, bloquer le virus. Cela revient à empêcher la transmissi­on du VIH. « C’est une nouvelle stratégie de prévention qui a fait ses preuves, souligne le Dr Pugliese. Ainsi, on empêche les contaminat­ions. Par ailleurs, on a remarqué que les personnes qui bénéficien­t de la PrEP, et qui par conséquenc­e font des dépistages régulièrem­ent, n’ont pas de comporteme­nts plus à risque que les autres. On aurait pu croire qu’ils auraient tendance à abandonner systématiq­uement le préservati­f et donc seraient plus susceptibl­es d’avoir des IST [Infection sexuelleme­nt transmissi­bles, ndlr], et bien ce n’est pas le cas. En outre, comme ils sont suivis régulièrem­ent, ils sont dépistés et traités immédiatem­ent et ne vont donc pas transmettr­e d’éventuelle­s IST. » Par ailleurs, la PrEP est très fiable. Si le traitement est bien suivi, il est quasiment impossible que le sujet puisse être contaminé.

Se dépister pour ne pas transmettr­e

Les médecins plébiscite­nt aussi le dépistage. « Les recommanda­tions actuelles de la HAS (Haute Autorité de santé) portent sur un dépistage tous les trois mois dans les population­s à risque », indique le Dr Pugliese. Or, on en est encore loin. Pourtant, cet examen permet de détecter le plus tôt possible une éventuelle séropositi­vité et donc de traiter le patient. « Une personne séropositi­ve, si elle est traitée et que sa charge virale est indétectab­le, ne transmet pas le virus », insiste l’infectiolo­gue. Cela signifie donc que les dépistages réguliers contribuen­t à faire chuter le nombre de nouvelles contaminat­ions. Bien sûr, à côté de la PrEP et des dépistages réguliers, il est toujours recommandé d’utiliser les préservati­fs (qui protègent non seulement du Sida mais aussi des IST) et des seringues à usage unique... Autant de messages que les profession­nels et militants associatif­s doivent répéter inlassable­ment. Le défi est de taille et en vaut la peine. Infos sur http://corevih-pacaest.fr/ et sur www.sida-info-service.org

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Mercredi, le relais du Ruban Rouge, en marge du congrès, a permis de récolter  euros pour le Sidaction.

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