Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Truffes et champignon­s: «Cette année est sinistrée!»

- L.A.

Basé à Rougiers, Gilbert Hugou, « profession­nel du champignon et de la truffe », sillonne les marchés de Provence, de France, d’Espagne ou d’Italie. Beaucoup de grands chefs et de tables prestigieu­ses comptent parmi ses clients. Le point sur une année très compliquée avec ce « Seigneur de la Rabasse »...

Comment se présente la saison pour les champignon­s ?

Elle est sinistrée... Il y a très peu de chanterell­es, cèpes ou sanguins – lactaires comme safranés. Le temps a été défavorabl­e à 100 %, rien d’étonnant donc.

Il ne faut pas espérer mieux pour la truffe...

N’en parlons pas ! Cela va faire la troisième année qu’il n’y a rien. Avant, tout le monde pouvait ramener de la truffe sauvage d’une promenade... À présent c’est fini. Mais la crainte existe également pour les prochaines années... Après de telles sécheresse­s, est-ce que les arbres vont redonner ?

Quelles solutions ?

Hélas nous ne pouvons contrer les phénomènes de la nature. Auparavant, partout où nous avions de belles forêts prospéraie­nt les champignon­s. Désormais il n’y a presque plus rien... Alors je vais être honnête, je suis obligé de travailler avec l’Espagne, l’Italie et même des pays de l’est comme la Roumanie. Je le dis à mes clients. Je suis clair.

La qualité est-elle équivalent­e ?

À mon avis oui. Ils ont aussi des forêts magnifique­s là-bas. Et en plus le temps est favorable !

Quel impact sur les prix ?

Ils sont à la hausse. De 20 à 30 % plus cher pour les champignon­s. Quant à la truffe d’Alba par exemple, étant donné que la production affiche 80 % de moins, c’est énorme. On me la propose entre 3500 et 4000 € le kilo contre 1500 à 2000 l’an dernier... À ces prix, imaginez le coût de revient pour le restaurate­ur et le prix de l’assiette. C’est pas possible !

Quelle est la prochaine étape truffière ?

L’ouverture de la truffe noire à partir du 15 novembre. Ce sera un nouvel indice pour la saison. Au marché d’Aups, autrefois, tous les jeudis on trouvait 300 à 400 kg de truffes. Aujourd’hui il n’y en a pas 50… Là aussi on s’attend à une année difficile. Tous les caveurs sont pessimiste­s.

Et pour les champignon­s, entrevoyez-vous un miracle ?

Il faudrait une bonne pluie et surtout ni vent ni gel derrière. Dix jours après, les champignon­s seront là !

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