La fin d’une époque
Aujourd’hui à La Seyne, les travaux de grignotage de deux barres HLM datant de vont commencer. A la place, la Ville entend aménager un espace vert.
C’est ce lundi que la lourde pelle mécanique va se mettre en branle place Albert-Camus. Sa mâchoire d’acier doit en finir définitivement avec un long pan d’histoire locale. Et surtout avec une époque où même le quartier Berthe, qui attendra les années 60 pour accueillir rapatriés d’Algérie et ouvriers des chantiers, n’était encore que terres agricoles. Car c’est bien aux Mouissèques, à 5 minutes du port, que deux des plus vieilles barres HLM de La Seyne(1) , de respectivement 21 et 18 appartements, vont ainsi être rasées d’ici à la fin de l’année. Érigés en 1957, ces immeubles naquirent en pleine crise du logement, alors que la guerre avait largement sinistrée la ville et qu’il fallait loger familles et travailleurs. Terres du Sud Habitat (TSH), principal bailleur social de ce côté-ci de la rade, conduit aujourd’hui ces travaux de démolition, dit « par grignotage ». Coût estimé du chantier: 400000 euros. Mais c’est bien la municipalité qui sera chargée, dans un second temps, d’offrir une respiration à ce quartier très urbanisé (voir par ailleurs). « En fait, nous leur donnons les Mouissèques dans le cadre d’un échange de foncier, explique David Guengant, directeur de TSH. Car en contrepartie, une zone municipale va nous être cédée pour conduire un petit projet immobilier sur le terrain ex-Altavilla. » Dans le cadre des opérations de rénovation urbaine initiées en 2006, l’office HLM a par ailleurs encore quelques marrons sur le feu au nord de la commune. Ainsi, si le Messidor A1, la dernière tour à tomber, doit également avoir disparu en fin d‘année, le pavillon E17 suivra, tout comme le foyer API (2018-2019). Des constructions verront le jour sur le site du Fructidor, de Berthe B ou encore une résidence sociale à la place du Vendémiaire A5.
Désamiantage en cours
Mais les logements les plus vétustes se trouvaient bien du côté des Mouissèques. Des appartements qui, pour certains, n’étaient pas approvisionnés en eau courante à leur inauguration ! « Ca fait des années qu’un projet de démolition est dans les cartons » assure Yves Gavory, vice-président de TSH. Il a finalement été lancé en septembre, avec le curage (nettoyage des éléments « non constructifs » : volets, menuiserie, etc.). Désormais, en parallèle de la démolition, une phase de désamiantage se termine. « On parle là de petites surfaces », rassure toutefois Dominique, le chef d’équipe pour l’entreprise Marion. Colle des dalles au sol ou du carrelage mural, conduits thermoplastiques : la fibre cancérogène est présente en quantités réduites. Pour autant, l’opération n’est pas une sinécure. « Il faut une semaine pour confiner une zone et une demi-journée pour la désamianter… » Sous nos yeux, Hatem s’équipe dans sa combinaison de spationaute avant de pénétrer dans une ancienne cuisine. Une pièce qui a été calfeutrée et dépressurisée. Sa tâche minutieuse d’extraction effectuée, il devra encore se laver intégralement avant de ressortir enfin à l’air libre. Celui du dernier souffle des vieux HLM.
1. La cité Saint-Antoine, construite en 1952, est antérieure à l’édification des HLM des Mouissèques.