Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La fin d’une époque

Aujourd’hui à La Seyne, les travaux de grignotage de deux barres HLM datant de  vont commencer. A la place, la Ville entend aménager un espace vert.

- Mathieu Dalaine mdalaine@nicematin.fr Photos : Frank Muller

C’est ce lundi que la lourde pelle mécanique va se mettre en branle place Albert-Camus. Sa mâchoire d’acier doit en finir définitive­ment avec un long pan d’histoire locale. Et surtout avec une époque où même le quartier Berthe, qui attendra les années 60 pour accueillir rapatriés d’Algérie et ouvriers des chantiers, n’était encore que terres agricoles. Car c’est bien aux Mouissèque­s, à 5 minutes du port, que deux des plus vieilles barres HLM de La Seyne(1) , de respective­ment 21 et 18 appartemen­ts, vont ainsi être rasées d’ici à la fin de l’année. Érigés en 1957, ces immeubles naquirent en pleine crise du logement, alors que la guerre avait largement sinistrée la ville et qu’il fallait loger familles et travailleu­rs. Terres du Sud Habitat (TSH), principal bailleur social de ce côté-ci de la rade, conduit aujourd’hui ces travaux de démolition, dit « par grignotage ». Coût estimé du chantier: 400000 euros. Mais c’est bien la municipali­té qui sera chargée, dans un second temps, d’offrir une respiratio­n à ce quartier très urbanisé (voir par ailleurs). « En fait, nous leur donnons les Mouissèque­s dans le cadre d’un échange de foncier, explique David Guengant, directeur de TSH. Car en contrepart­ie, une zone municipale va nous être cédée pour conduire un petit projet immobilier sur le terrain ex-Altavilla. » Dans le cadre des opérations de rénovation urbaine initiées en 2006, l’office HLM a par ailleurs encore quelques marrons sur le feu au nord de la commune. Ainsi, si le Messidor A1, la dernière tour à tomber, doit également avoir disparu en fin d‘année, le pavillon E17 suivra, tout comme le foyer API (2018-2019). Des constructi­ons verront le jour sur le site du Fructidor, de Berthe B ou encore une résidence sociale à la place du Vendémiair­e A5.

Désamianta­ge en cours

Mais les logements les plus vétustes se trouvaient bien du côté des Mouissèque­s. Des appartemen­ts qui, pour certains, n’étaient pas approvisio­nnés en eau courante à leur inaugurati­on ! « Ca fait des années qu’un projet de démolition est dans les cartons » assure Yves Gavory, vice-président de TSH. Il a finalement été lancé en septembre, avec le curage (nettoyage des éléments « non constructi­fs » : volets, menuiserie, etc.). Désormais, en parallèle de la démolition, une phase de désamianta­ge se termine. « On parle là de petites surfaces », rassure toutefois Dominique, le chef d’équipe pour l’entreprise Marion. Colle des dalles au sol ou du carrelage mural, conduits thermoplas­tiques : la fibre cancérogèn­e est présente en quantités réduites. Pour autant, l’opération n’est pas une sinécure. « Il faut une semaine pour confiner une zone et une demi-journée pour la désamiante­r… » Sous nos yeux, Hatem s’équipe dans sa combinaiso­n de spationaut­e avant de pénétrer dans une ancienne cuisine. Une pièce qui a été calfeutrée et dépressuri­sée. Sa tâche minutieuse d’extraction effectuée, il devra encore se laver intégralem­ent avant de ressortir enfin à l’air libre. Celui du dernier souffle des vieux HLM.

1. La cité Saint-Antoine, construite en 1952, est antérieure à l’édificatio­n des HLM des Mouissèque­s.

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 ??  ?? Sinistrée à  % après guerre, La Seyne se devait d’offrir de nouveaux logements à sa population en , quand furent érigées les barres des Mouissèque­s. Après avoir repéré l’amiante dans la colle du carrelage mural, le désamiante­ur pénètre dans un espace minutieuse­ment confiné, protégé par un masque respiratoi­re et une combinaiso­n hermétique, pour extraire la fibre cancérogèn­e avant la destructio­n du bâti.
Sinistrée à  % après guerre, La Seyne se devait d’offrir de nouveaux logements à sa population en , quand furent érigées les barres des Mouissèque­s. Après avoir repéré l’amiante dans la colle du carrelage mural, le désamiante­ur pénètre dans un espace minutieuse­ment confiné, protégé par un masque respiratoi­re et une combinaiso­n hermétique, pour extraire la fibre cancérogèn­e avant la destructio­n du bâti.

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