Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Laurent Wauquiez : «Il faut le retour d’une vraie droite»

Le grand favori de l’élection pour la présidence des Républicai­ns sera ce soir à Mandelieu. Il y défendra sa vision d’une France forte, valorisant le travail et soucieuse des classes moyennes

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Tête à claques mais tête bien faite »… Ainsi parlait la semaine dernière Libération de Laurent Wauquiez, dont le quotidien national pointait aussi «la proverbial­e déloyauté » et les sinuosités idéologiqu­es. La charge émanait certes d’un journal classé à gauche. Mais, et c’est tout le défi du président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, il ne suscite pas encore un amour débordant dans sa propre famille. Davantage apprécié des militants que des élus, il n’en est pas moins le grandissim­e favori pour accéder à la présidence des Républicai­ns, peutêtre même dès le premier tour, le 10 décembre. Avec un challenge à suivre : régénérer un mouvement que la défaite de François Fillon à la présidenti­elle a fait voler en éclats. Laurent Wauquiez, qui tiendra ce soir à 18h30 un meeting au Centre expo de Mandelieu, a répondu hier à nos questions.

Comment résumer la droite qui s’assume que vous défendez ?

Une droite de retour, une droite qui soit vraiment de droite, et pas que dans les paroles. Au fond, ce que les Français reprochent à la droite, ce n’est pas d’en dire trop, mais de ne pas en faire assez. Je suis convaincu que les valeurs de la droite restent les valeurs centrales de la France. Ce sont le travail, l’effort, l’autorité des forces de l’ordre, le refus du communauta­risme et de l’immigratio­n excessive. Ces valeurs-là, Macron ne les porte pas et il nous revient donc de le faire. Macron peut mener des réformes techniques, la réalité malgré tout est que ce n’est pas un Président de droite. Quelqu’un qui a déclaré qu’il n’y avait pas de culture française, qui vient d’accepter d’accueillir dix mille étrangers en situation irrégulièr­e sur notre sol, qui ne construit pas de places de prison supplément­aires, qui nous joue le grand retour de la police de proximité de Lionel Jospin, qui assomme les retraités et les classes moyennes, cet homme-là ne peut être considéré de droite. Il faut face à lui le retour d’une vraie droite.

Certains s’émeuvent des méandres de votre parcours, d’une droite d’abord sociale à une droite aujourd’hui plus radicale…

Cette droite n’a rien de radical. Voilà dix ans que je porte les mêmes conviction­s et que je dis exactement la même chose, ce qui est très rare en politique. Ma ligne repose sur deux jambes. D’abord un régalien qui soit fort. J’en ai assez de voir mon pays changer de nature. J’en ai assez de voir ceux qui viennent en France demander à notre pays de s’adapter à eux. J’en ai assez qu’on donne le sentiment de s’excuser de l’histoire de France, à la manière de ce qu’a fait Emmanuel Macron en Algérie. En même temps, ma droite marche sur une deuxième jambe qui porte la défense des classes moyennes, de ceux qui travaillen­t en limitant l’assistanat, des retraités qui ne sont pas que des riches à ponctionne­r. Au fond, mes valeurs ne sont pas celles d’une droite dure, ce sont les valeurs centrales de la France. Mais on s’est tellement habitué à avoir une droite qui ne dise plus rien, que lorsque quelqu’un réaffirme nos valeurs, cela effarouche. Moi, personne ne me dicte ce que j’ai le droit de penser.

Si vous êtes élu président, comment conciliere­z-vous une ligne claire avec la nécessité de faire vivre les sensibilit­és ?

Il faut que le capitaine ait un cap, qu’il mette une main ferme sur le gouvernail et ensuite, pour faire un équipage, il faut des gens de sensibilit­és différente­s. Je veillerai à ce que tout le monde soit rassemblé. Ma visite dans les Alpes-Maritimes résume cette démarche. Ce mercredi soir, je serai à Mandelieu avec Eric Ciotti, quelqu’un pour qui j’ai le plus grand respect, parce qu’il fait partie des députés qui ont le courage de dire les choses, notamment sur les questions de sécurité et d’immigratio­n. Jeudi, je verrai Michèle Tabarot, une femme aux conviction­s fortes qui fait partie des talents de notre famille, ainsi que Jean Leonetti, qui appartient à notre sensibilit­é plus centriste, et enfin Christian Estrosi en mairie de Nice. Je rassemble la totalité de la droite, mais sans me renier. Les Français ont envie de politiques qui ont de la colonne vertébrale.

Vous avez banni tout lien avec le FN. Mais vous peinez à convaincre sur ce point des gens comme Alain Juppé ou Christian Estrosi, justement…

Christian Estrosi, par son itinéraire politique, est bien placé pour savoir que quand on affirme des idées fortes à droite, ça ne veut pas dire qu’on veut se rapprocher du FN. J’ai été d’une limpidité totale : tant que je m’occuperai des Républicai­ns, il n’y aura jamais aucune alliance avec le FN. Mais je revendique de parler aux gens qui votent FN parce que nous les avons déçus. Il n’y a pas  % d’extrémiste­s en France. Il y a juste des gens qui attendent que quelqu’un ait le courage de porter une vraie politique de droite.

La politique du gouverneme­nt, perçue plutôt de droite par les

Français, ne condamne-t-elle pas LR à rester inaudible pour l’instant ?

Pour la majorité des Français, Macron fait une politique centriste. Sur certaines réformes techniques, je n’ai aucun souci à dire que des choses positives se font. Mais je ne veux pas qu’on aveugle les Français. Les retraités vont se retrouver assommés d’impôts… Quand le Président explique qu’il reconduira des clandestin­s à la frontière s’ils ont commis des crimes, ce n’est pas une politique de droite. Crime ou pas, un clandestin doit être sur le champ reconduit à la frontière… Sur le travail détaché, Macron a capitulé, rien ne va changer pour le transport routier, les travailleu­rs détachés pourront rester un an et demi sur le territoire français et on a lâché que la Roumanie et la Bulgarie entrent dans l’espace Schengen. C’est une folie qu’on s’apprête à signer, avec des frontières encore moins efficaces.

Vous êtes, semble-t-il, apprécié par les militants, mais pas très aimé de vos pairs à LR…

Je crois aux Français et non aux chapeaux à plumes. Je ne cherche donc pas à plaire à tout le petit milieu parisien. A chaque fois que je me suis présenté à une élection, j’ai toujours gagné, parce que les Français m’ont fait confiance. Je suis en train de rassembler ma famille, avec  parlementa­ires qui m’ont apporté leur soutien. Mais je ne cherche pas à séduire ceux qui donnent les brevets de bonne pensée. Moi, je parle à la France des territoire­s.

Elu président du parti, serez-vous de facto le candidat naturel à la présidenti­elle de  ?

Cette question n’a pas de sens aujourd’hui. Tout le monde a vu ce qu’il s’est passé en cinq ans. Tout peut basculer et rebasculer. Ce que je veux juste, c’est que notre vie politique ne se limite pas à un duel Macron-Mélenchon. La France a besoin de la droite et elle a besoin que la droite soit vraiment de droite.

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? Laurent Wauquiez,  ans, favori dans la course à la présidence des Républicai­ns.
(Photo Cyril Dodergny) Laurent Wauquiez,  ans, favori dans la course à la présidence des Républicai­ns.

Newspapers in French

Newspapers from France