Var-Matin (La Seyne / Sanary)

En signant la loi antiterror­iste, Macron met fin à l’état d’urgence Pour marquer solennelle­ment cette étape, le chef de l’Etat a signé en direct, hier, devant les caméras le nouveau texte qui doit assurer « pleinement la sécurité » des Français

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Emmanuel Macron a signé, hier, devant les caméras dans son bureau à l’Elysée, la loi antiterror­iste, qui doit prendre le relais de l’état d’urgence. « Cette loi nous permettra de sortir de l’état d’urgence à compter du 1er novembre tout en assurant pleinement la sécurité de nos concitoyen­s », a déclaré le Président au cours d’une courte allocution. Entouré du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et du porte-parole du gouverneme­nt Christophe Castaner, il a indiqué que la loi « pourra entrer en vigueur dès demain [lire aujourd’hui, ndlr] ». Mais elle devrait entrer en applicatio­n lorsque l’état d’urgence prendra fin demain à minuit, selon l’Elysée. Ce texte, adopté par le Parlement le 18 octobre, a fait objet de « débats riches et nourris », a-t-il ajouté. Il « sera évalué d’ici à deux ans » et ce qui devra être modifié «lesera» , selon lui. La loi « fait très largement consensus », a déclaré M. Collomb devant la presse. Au centre de ce texte controvers­é figure le renforceme­nt des pouvoirs de l’autorité administra­tive (préfets, ministre de l’Intérieur) pour assigner quelqu’un (non plus à résidence, mais dans un périmètre au minimum égal à la commune), réaliser des perquisiti­ons, fermer un lieu de culte ou faire des contrôles d’identité près des frontières. Le tout sans feu vert judiciaire, perquisiti­ons exceptées. Ces mesures sont transposée­s de l’état d’urgence post-attentats du 13 novembre 2015 – prolongé une sixième fois en juillet –, mais plus limitées et ciblées sur la prévention du terrorisme. La France aura donc connu 23 mois d’état d’urgence ininterrom­pu, soit un record pour ce régime d’exception créé en 1955, durant la guerre d’Algérie. Depuis ont eu lieu plusieurs attentats, dont celui de Nice qui a fait 86 morts.

Six cents assignatio­ns

L’état d’urgence a, en revanche, permis de « saisir 625 armes dont 78 armes de guerre et de déjouer des attaques importante­s dont l’une contre un meeting pendant la campagne présidenti­elle », a souligné Gérard Collomb. Depuis deux ans, plus de 4 300 perquisiti­ons ont été menées et 600 assignatio­ns prononcées, selon le ministère de l’Intérieur. Le cérémonial de la signature à l’Elysée rappelle celui tenu par M. Macron pour les deux premiers grands textes législatif­s de son quinquenna­t, la loi de moralisati­on de la vie politique le 15 septembre puis, une semaine plus tard, les ordonnance­s réformant le droit du travail. M. Macron doit prononcer, aujourd’hui, devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à Strasbourg un discours où il défendra notamment la loi antiterror­iste.

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